Alien, le huitième passager
Alien
Ridley Scott
1979
Film : Anglo-américain
Genre : Science Fiction horrifique
Avec : Sigourney Weaver
Synopsis
De retour d'une mission d'extraction minière au fond de l'espace, l'équipage du cargo Nostromo est réveillé par un signal de détresse émanant d'une petite planète inhabitée. Forcé par leur contrat d'aller enquêter sur la source du signal, les miniers ramènent à bord une créature extraterrestre particulièrement coriace et agressive.
Avis
A mi chemin entre le film de science fiction pur et le thriller horrifique, Alien ouvre les portes aux années 80 qui vont être la décennie privilégiée de ces deux genre. Résolument moderne, le film instaure dés le départ et la séquence d'introduction, un climat pesant et réaliste, beaucoup plus proche de nous que la science fiction venue d'une galaxie lointaine, très lointaine.
D'une banale histoire de monstre de l'espace, pain bénit des pulps années 50, le film se bâtit petit à petit sur des fondations solides et justes. D'abord dans le choix de son réalisateur, le très talentueux Ridley Scott, encore jeune à l'époque mais dont le style graphique fort plait aux producteurs. Ensuite, dans le choix de l'artiste HR Giger pour les designs de l'Alien et du vaisseau accidenté. Enfin, par le choix d'une jeune actrice alors inconnue mais pétrie de talent : Sigourney Weaver.
Sachant réellement tirer le maximum de ses atouts, le film qui aurai put être une série B correcte transcende les genres, et inspire une terreur et une fascination jusqu'alors rarement égalée. Avec son ambiance lourde, oppressante, Alien traverse les époques, bien aidé par les nombreux sequels sortis depuis. Aujourd'hui encore, l'un des meilleurs films de SF, malgré les Avatar, les Star Treck, les Guerre des Mondes, Alien garde son trône, car jamais un vaisseau n'a été aussi froid dans l'espace que le Nostromo.
Notation
Réalisation : 10/10
Ridley Scott, ou la classe absolue. Réalisateur surdoué, très élégant, sculpte son image. Alors certes, le grain d'Alien vient de son attirance aux atmosphères brumeuses et suffocantes, et à l'impossibilité de montrer trop en détail le monstre. Mais quelle beauté! Glauque sans être déprimant, l'univers qu'il instaure est à l'image de l'espace. Sombre et froid, comme l'Alien qui l'habite. Les decors du film sont somptueux, grandioses, celui du Space Jockey en exemple, et la créature en elle même tellement impressionnante dans sa façon d'être furtive et létale... Ha, vraiment une photographie et une réalisation sans fausse note.
Son : 8/10
Si la musique, assez classique apporte une sorte de mystère et de poésie cosmique, elle aurai gagné à être moins conventionnelle à mon sens. Certes, elle est très discrète, mais manque peut être d'ambition, au contraire des graphismes, comme par exemple le dessin phallique prononcé de l'Alien. Le reste du montage son est splendide. Oppressant, spatial et plutôt angoissant, qu'il s'agisse des bruitages de l'Alien ou de la respiration saccadée de Ripley à la fin du film.
Scénario : 10/10
Ce qui m'a toujours étonné dans ce film, c'est à quel point la simplicité du synopsis cachait un scénario aussi riche. Le duo de scénaristes originaux, Dan O'Bannon et Ronald Shusett ont écrit un script très intéressant, et celui ci a réellement su être sublimé par les idées originales, des deux scénaristes ou des producteurs. Au final, a la fin simple et terriblement efficace, qu'on le regarde une fois ou cinquante, le scénario du premier Alien reste, à mon sens inégalé dans l'horreur en SF.
Interprétation : 9/10
Le jeu de Sigourney Weaver à la fois simple et juste est celui d'une jeune actrice talentueuse. S'il n'a pas l'expérience des vieux briscards, il y oppose en revanche une fraicheur spontanée, on ne peut plus adéquate dans le rôle de cette femme, à la fois forte, mais rattrapée par la fragilité de l'être humain dans certaines situations. Le reste du casting est lui aussi tout en justesse et en simplicité, aidé, il faut bien le dire par les "tours" éprouvants qu'a pu jouer Ridley Scott a son casting au long du tournage (Projections inattendues de sang, asphyxie lors des scènes en scaphandre, gifles non simulées etc.)
Note générale : 10/10
Alien reste mon film préféré. A chaque visionnage je l'aime encore un peu plus. Il a construit une légende, il incarne le monstre de l'espace, à la fois croque-mitaine qui se cache sous le lit, et dangereux envahisseur qui pose sa soucoupe dans votre jardin la nuit, l'Alien est le partenaire idéal de toutes les soirées frisson. En tous points réussi, apportant la consécration à l'un des réalisateurs les plus doués de la période 80's/90's/00's et surement de la décennie à venir encore, ce film est un indispensable dans sa vidéothèque, incontournable de l'amateur de science-fiction, d'horreur, de thriller, ou même de cinéma dans son ensemble.
"There is an explanation for this, you know?"
Ridley Scott, je vais dire une évidence, est un visionnaire. "Alien" est un chef d'oeuvre, les autres sont parfois très bons, dans l'air du temps, mais -selon moi- n'égale pas le premier opus.
RépondreSupprimerLa première idée vraiment révolutionnaire, pour l'époque en tout cas, était d'envisager une héroïne. Aujourd'hui, ça paraît évident, mais à l'époque, voir une nana en slip qui flingue du monstre, c'était quasiment "pas crédible". Les héros étaient Stallone, Schwarzy, Mister T, Dolph Lungren... et même pas encore Bruce Willis (plutôt cérébral). Alors, une simple et fragille bonne femme. Mais d'ailleurs, avec quoi elle va le flinguer ? Avec son aspirateur ? Son sèche-cheveux ? J'ironise, mais à l'époque, je m'en souviens, c'était un peu ça.
Pour l'anecdote, on voit plusieurs scènes de Sigourney Weaver en slip et en marcelle (pour accentuer encore cette fragilité), et "autres temps autres moeurs", on peut retrouver des poils sous les bras, et des fils d'araîgnées qui sortent de la culotte ! =D (impensable aujourd'hui, comble du "mauvais goût"... alors que c'est naturel, finalement).
Côté effets spéciaux, le film a quand même pris un coup de vieux... mais pas l'ambiance. Toujours bien trouvé.
Autre idée dans l'air du temps, pour l'époque, ces saletés d'ordinateurs qui vont bien finir par nous "esclavager" ! (terme beauf de comptoir pour dire que les ordinateurs vont finir par nous asservir)... Et on retrouve cette idée avec le "droïd" qui finit par partir en sucette... saleté de machine ! Autre idée nouvelle, l'intérêt financier des grands groupes. On aurait pu penser que ce serait un "gouvernement" qui dicterait les règles (comme c'est généralement le cas pour des "rencontres de x-type" dans les films... on voit toujours débarquer FBI, NSA, Shériff local, ou bouseux en costard)... là, non, ce sont des "informations" d'une multinationale. Très en avance, qui anticipe (!) l'idée d'une société dirigée par le privé et les intérêts financiers.
Autre petit détail qui selon moi à toute son importance dans le côté flippant de cet Alien (par rapport aux autres de la série)... c'est que, sauf une exception dans une scène (si je ne me trompe pas), on ne lui voit jamais les bras, les mains... c'est tout bête, mais l'absence de cet attribut morphologique le rend encore plus "primaire", je trouve, plus bestiale, plus animal décérébré, donc plus cruel, impulsif, instinctif... donc, tout le contraire de l'homme, ou en l'espèce (!) de la femme, qui elle, a un cerveau.
Quand Sigourney Weaver tue l'alien... c'est bien l'animal monstrueux qui est en nous, qui est en nous qui est vaincu, le monstre sous toutes ses formes, l'animal, le droid, le système... et ça, aucun homme au monde ne pouvait le vaincre, seule une femme le pouvait.
Pour finir, le choix d'une femme-héros n'est pas si étranger à nos archétypes, car n'oublions pas que la Force (Tarot de Marseille) est incarnée par une femme. Elle est si "forte" qu'elle sort même de la carte, et contient la machoire du Roi des animaux. Il est d'ailleurs répandu dans d'anciennes civilisations que les Femmes ont soumis les hommes. Elles étaient beaucoup plus grandes physiquement, et beaucoup plus fortes que les hommes à cette époque. "Dieu" (la Vie) pour les chantier d'avoir soumis et martyrisé les hommes, aurait renversé les rapports de force, pour que l'homme soumette la femme, et la martyrise à son tour, pour qu'elle comprenne. (karma).
... voilà très bon article, très bon film... Merci !!
Fredo Dido
Exact, d'ailleurs à l'origine, le script contenait un héros masculin. Ripley était un homme. Et les Producteurs (je crois que c'est David Giler qui a apporté le premier cette idée) ont dit "Et si Ripley était une femme?" Du coup O'Bannon a reconsidéré le script sous l'angle d'une femme forte, et à la fois si fragile. C'était assurément un pari risqué, mais qui marque d'autant plus. Au début du film on croit que ce sont John Hurt ou Tom Skeritt les héros, manque de bol y se font tuer les premiers quasiment...
RépondreSupprimeralors, ma mémoire est floue... mais il me semble aussi que le concept d'un "ordinateur central" (appelé "mère-grand" ? ou je confonds ?) était novatrice... un ordinateur central, général, comme une entité omniprésente... une divinité informatique qui régie tout... ^^
RépondreSupprimer"Mother" (ou Maman dans la VF) est une idée originale pour l'époque (et reprise mille fois depuis) mais elle s'est quand même inspirée de quelques romans comme 1984. Dans le 4 l'ordinateur centrale de l'Auriga s'appelle Father en hommage à Mother. Ian Holm est excellent d'ailleurs. J'connais sa réplique par coeur "I won't lie you about your chances but... you have my sympathy =) " *bzzzzzt*
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