Requiem for a Dream
Darren Aronofsky
2000
Film : Américain
Genre : Drame psyché dramatique
Avec : Jared Leto, Ellen Burstyn, Jennifer Connelly
Synopsis
L'été commence sur Coney Island. Mais à la chaleur réconfortante du soleil, Harry, son pote Tyron et sa copine Marion préfèrent celle de la drogue, dans leurs veines, leurs sinus ou leurs poumons. Sara, la mère d'Harry préfère la télévision. Surtout quand on l'appelle pour lui proposer de participer à une émission. Malheureusement elle ne rentrera jamais dans sa robe favorite à temps. A moins peut être qu'elle ne prenne quelques pilules amincissantes. En vendant de la drogue, Harry et Ty se font assez de sous pour que la came coule à flots, mais l'automne arrive, et avec lui quelques complications.
Avis
Parce qu'il joue sur la carte d'un psychédélisme malsain, bien loin de Las Vegas Parano ou de Trainspotting, références antérieurs en terme de film de junkies dans les 90's, Requiem for a Dream marque aisément les esprits, qui ne s'attendent certainement pas à une chute si abyssale.
Jouant parfaitement la tragédie en 3 actes, le scénario et la mise en scène plongent à chaque instant le spectateur dans un état d'immersion avancé introduit par des gimmicks représentant chacune des drogues utilisées. L'inventivité de la réalisation pour trouver des plans plus nauséeux les uns que les autres relève du génie. L'effet stroboscopique version pub/clip de certains passages possède un effet abrutissant visant à plonger la personne qui regarde Requiem for a dream dans un état second que seules quelques bouffées d'oxygène pur parviennent à dissiper avant la rechute.
Si on peut louer le professionnalisme avec lequel Aronofsky nous plonge dans l'état escompté, il est à parier que tout le monde ne ressorte pas de là indemne. Certains auront le sentiment d'avoir été écorchés vifs, d'autres plongés dans l'eau bouillante ou au contraire aspergés d'eau glacée, d'autre verront plus cela comme un rétrécissement soudain des murs qui les entourent. Mais quel que soit l'impression finale, Requiem for a Dream laisse sa marque. Libre a chacun de voir s'il apprécie cette marque, ou va chercher à s'en débarrasser au plus vite.
Le principal atout de ce film est de faire oublier qu'il s'agit d'un film. A travers la réalisation coup de poing, certainement très prétentieuse et malgré tout un peu convenue, on oublie cependant de faire attention à la forme et même au fond des choses. L'irréalité de certaines scènes déforme notre perception du cinéma, et c'est donc naturellement qu'on se laisse portés. Parce que ce film est loin d'être parfait. Si la narration est plutôt réussie, il laisse cependant un gout d'inachevé, de pas toujours exploité à son optimum.
A peine une demie heure après, l'effet redescend déjà, le monde redevient stable, les formes figées, et si on loue la capacité de ce film à monter très haut, très vite et très fort, on regrette assurément qu'il ne sache pas faire durer le plaisir plus longtemps... Je crois que je vais devoir me le remater très vite avant d'être à nouveau en manque!
Notation
Réalisation : 8/10
Psyché, stroboscopique, moderne, foutrement arrogante, la mise en scène, les effets visuels et la photographie blafarde laissent un gout acidulé au fond de la rétine. Le but avoué est de rendre le spectateur ivre de tous ses effets et de ce montage hallucinatoire. Pari réussi, mais à quel prix? La réalisation parvient à nous faire oublier qu'il s'agit d'un film, mais parvient elle à nous faire penser qu'il ne s'agit pas d'un clip de 2h?
Son : 8/10
Le montage sonore est en parfaite équation avec le montage visuel. Bruitages hachés, presque caricaturaux, leitmotivs et gimmicks sonores autant que visuel, effets de ralentit/accéléré sur les voix, tout est bon pour déstabiliser l'oreille interne aussi bien par l'ouïe que par la vue. Les mélodies sont elles aussi très lancinantes et parfois désarticulées, mais leur effet est plutôt réussi, à l'image du reste de la production.
Scénario : 8/10
L'idée n'est finalement pas si originale puisqu'elle suit 4 junkies aussi similaires que différents dans leur descente aux enfers, mais elle a le mérite d'être diablement bien narrée. Chacun des personnages possède une sorte de vision bien particulière, et la manière dont ces 4 destins sont liés présente un intérêt vraiment significatif dans la manière où, d'un tronc commun ils de séparent, parfois entremêlés, parfois complètement opposés.
Interprétation : 9/10
Il faut bien avouer que chaque personnage est campé avec un réalisme saisissant. Les rôles, à la fois simples et complexes sembler coller à la peau de chacun des acteurs, si bien que chaque rôle de Jared Leto (comme, celui du frère de Yuri Orlov dans Lord of War) semble rappeler celui ci, sans pourtant le peser comme un masque trop lourd à porter. Et d'ailleurs la force de l'interprétation est l'une des principales composantes de la réussite du malaise que le film cherche à porter.
Note générale : 9/10
A la fois réussite incontestable et film imparfait, Requiem for a Dream marche à l'affect. Bien que très joli, bien écrit et bien interprété, j'ai du mal à considérer qu'il s'agisse d'un des chefs d'oeuvre du cinéma contemporain. Et pourtant? Une note surement très exagérée mais qui reflète parfaitement le sentiment de béatitude dans lequel il vous laisse. Aussi malsain et répréhensible soit il, un fix de Requiem for a Dream peut vous porter très loin.
"California, Florida, whatever. Either way, ya pale ass is getting a tan!"
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