22 nov. 2013

Insidious

Insidious

James Wan
2010

Film : Américian
Genre : Film d'horreur/épouvante pur jus
Avec : Rose Byrne, Patrick Wilson



Synopsis

Encore en plein emménagement, Josh et Renai sa femme, ainsi que leurs deux fils et leur fille encore bébé tentent de s'adapter à la nouvelle maison qu'ils viennent d'acheter. Après une mauvaise chute dans le grenier, Dalton, leur fils ainé s'endort un soir, pour ne plus se réveiller. Il semble être tombé dans le coma, et les médecins ne parviennent pas à en déterminer la cause, puisqu'il ne présente aucun traumatisme. Après quelques mois, Les deux parents optent pour une hospitalisation à domicile afin d'être là si leur fils venait à se réveiller. Mais dans la maison, des phénomènes de plus en plus étranges, des ombres, des bruits incongrus et des voix émaillent les journées de Renai quand Josh au contraire, préfère fuir l'atmosphère familiale pesante en s'enfermant dans son travail, sourd aux appels à l'aide de sa femme.

Avis

Dans les années 2000, alors qu'on pensait le genre du film d'horreur assez essoufflé, un film, Le Projet Blair Witch pour ne pas le nommer, instaure une petite révolution dans la manière de faire des films d'horreur. Le concept : les found footages . L'idée c'est de faire comme si un évènement réel surnaturel, ou en tout cas étrange et flippant avait été capturé sur vidéo avant que leurs auteurs ne disparaissent mystérieusement, et que les bandes ne soient retrouvées que bien plus tard. Bien sûr le concept en tant que tel n'était pas nouveau, on peut remonter à Cannibal Hollocaust pour trouver une idée similaire, mais dans la pratique, une toute nouvelle vague de films a débarqué sur ce principe : si c'est mal cadré et que ça bouge de partout, ça fait "vrai" donc c'est plus immersif donc c'est plus flippant. Meilleur exemple de cette idée? Cloverfield. Soit.

Autre tendance dure pas particulièrement nouvelle non plus mais expressément emblématique de cette décennie, le gore à outrance, la torture aussi bien psychique que physique imposée explicitement face caméra, illustrée à travers des sagas comme Hostel, La Colline a des yeux, et bien évidemment la longue (trop longue?) saga Saw. Jigsaw et à travers lui ses créateurs on su imposer une mécanique implacable. Un ton crasseux, et du gore, du gore, du gore mâtiné de philosophie de comptoir. Mais je m'égare.

Alors pourquoi une telle digression? Et bien parce que les années 2010 ont commencé pour les amateurs de films d'horreur par une habitude un peu curieuse sur les affiches des films d'épouvante. La référence systématique à deux sagas incarnant à elles seules la quintessence de ces deux genre évoqué précédemment. C'est bien simple, il n'y a pas un film qui sorte actuellement sur l'affiche duquel on ne puisse lire "par les créateurs de Saw et Paranormal Activity" ou bien "Par les producteurs de Paranormal Activity et le réalisateur de Saw" etc. Le problème, c'est que faire référence de manière aussi éhontée à tous les produits estampillés horreur, c'est noyer le poisson, car, il est absolument nécessaire de faire la part des choses.

Sans entrer dans le détail de la critique, ce n'est pas l'objet ici, le premier Saw est un très bon thriller gore et glauque, avec un scénario qui casse peut être pas trois pattes à un canard, mais qui a le mérite de tenir son public en halaine jusqu'au bout. Et puis Il introduit un méchant absolument génial, le terrifiant Jigsaw et son "Je veux jouer un jeu". Et comme à Hollywood, une formule a succès est l'occasion de se faire un max de pognon, les films se sont enchainé à un an d’intervalle, la qualité régressant de film en film. Paranormal Activity, lui, sur le principe des "found footages" raconte lui une banale histoire de fantôme, où on ne voit pas grand chose. Se déroulant la nuit principalement en caméra fixe et infrarouge, il a fait le buzz grace à sa bande annonce bien virale (limite elle est meilleure que le film en fait) et a lui aussi eu droit à un tas de suites tout aussi ratées.

Lorsque je vois donc "Par les créateurs de Saw et Paranormal Activity" sur l'affiche bien creepy de cet Insidious, je commence dans un premier temps par me méfier. Et puis vient le moment où je le vois au cinéma, dans une salle comble, remplie de jeunes, pas mal de filles aussi, bien au taquet pour se faire des sueurs froide. Il faut avouer que la simple apparition soudaine du titre du film, dans un vacarme de violons stridents suffit déjà à faire sursauter les plus déconcentré(e)s du public, certainement pas préparé(e)s à une telle entrée en matière. Un sourire passe sur le coin de mes lèvre, peut être que je me suis finalement trompés, et que les créateurs susnommés sur l'affiche ne sont finalement pas les moins doués du lot.



D'un prime abord, l'histoire d'Insidious parait terriblement banale. "Bouhou, une bête histoire de maison hantée, des chuchotements, un espèce de macchabée qui fait les cent pas dans le jardin, l'air de rien, tout un tas de trucs inexplicables. Alors ça ne commence pas d'une manière très originale, mais malgré tout, on sent un ton particulier. Plutôt que de nous donner une ombre menaçante dans le coin droit de l'écran pendant une demie seconde, comme le plus souvent dans ce type de film, James Wan s'attarde de manière insidieuse sur ses détails horrifiques. Ici Renai au détour d'un couloir passe à côté d'un petit garçon sans le remarquer. Petit garçon qui n'a absolument rien à faire là, et que tout le monde a vu très distinctement en se demandant "Hé! Attends! C'était quoi ça?" jusqu'à ce qu'il surgisse comme un diablotin dans le dos de quelqu'un d'autre, ou fac similae.

Et puis, lorsqu'on pense voir venir le truc gros comme une maison, l'ambiance change. Fini l'atmosphère lugubre de maison hantée, on se retrouve dans un décor bien plus convivial, et pourtant tellement plus inquiétant. Sans compter que la manière d'amener l'effroi se veut encore une fois plus surprenante. La mécanique est toujours la même, faire monter la pression, qu'on se prépare à une image effrayante, et quand on croit pouvoir se relacher, BAM elle surgit où on s'y attendait le moins. Comme un twist supplémentaire, le rythme change lui aussi. Une touche d'humour vient créer un décalage total avec la première moitié du film, prenant le contre-pied total de ce à quoi on s'attendait, et c'est dans une sorte de crescendo à contre sens que le film se termine, sur un dernier changement de ton.

Et c'est par ce bout là qu'Insidious, comme son nom l'indique, retourne la tête des spectateurs. Sa narration n'est pas une pente descendante  vers un abime de mauvais goût, ou une escalade vertigineuse vers des sommets de non-sens nanard. James Wan concocte dans son film une province vallonnée et verdoyante pleine de collines d'effrois, de forêts d'apparitions et de lacs couleurs noir d'encre. Sa force, c'est de dépeindre un paysage riche et hétéroclite de l'horreur au cinéma. Il puise dans des tas de genres et de références. Un couloir ayant un petit quelque chose de Shining, un grenier à la Beetlejuice, un peu d'Exorciste, un peu de Poltergeist, un peu de Ghostbusters...

Tout ça condensé dans une sorte de film de fantômes ultime. Insidious parle forcément aux fans absolus du cinéma d'horreur, mais attention, cela ne veut pas dire qu'il soit élitiste ou trop peu original. On retrouve malgré tout la patte du réalisateur et de son compère Leigh Whannell dans l'écriture du scénario. Tortueux, ficelé de manière à toujours brouiller les pistes, sans en rajouter dans les explications zabracadabrantesques qu'on retrouve trop souvent à la fin des films d'horreurs, l'histoire est au service de la peur, sans en être un prétexte, ni un fardeau.

La peur, parlons on justement. Le but d'un film d'épouvante, c'est créer un sentiment de peur et de malaise au spectateur, avide de sensations fortes. Comme je le disais en introduction, la mode du found footage base la peur sur un principe simple "et si c'était vrai, parce que ça ressemble à des images réelles tournées par des quidams", le problème étant qu'après Blair Witch, l'effet de surprise est passé et que cette technique éventée ne fait plus peur qu'aux plus sensibles. Quant au gore, puisque c'est l'autre tendance, elle, ne repose pas sur un sentiment d'effroi mais sur une forme de dégout et de mal-être de l'exhibition de sang, membres coupés, séances de torture etc. Et puis il y a les films usant et abusant du "diablotin qui sort de sa boite". Une image menaçante apparaissant soudainement, accompagnée d'un bruit puissant et aigüe, provoquant indéniablement un sursaut du cinéphile concentré.

Ce bon vieux truc, ça marche toujours, même dans les films d'aventure comme Jurassic Park, ou les thrillers basiques, mais il faut un peu plus à un film d'horreur pour espérer engendrer ce sentiment de peur qui fait se dresser les poils de la nuque et courir quelques frissons le long de l'échine. Insidious est plutôt doué là dessus. Et il y parvient grâce à une alchimie parfaite entre écriture et ambiance du cinéaste. Toujours là où on ne l'attend pas, le scenario est porté par cette atmosphère irréelle définitivement originale (même malgré les références) et son ton unique dans la manière d'aborder chaque scène. L'imprévisibilité, le décalage, et la maitrise portent ce film bourré de qualités pour un résultat sans appel : sans être le film le plus terrifiant de la décennie, Insidious réussi là ou 90% des films d'horreur échouent habituellement : faire peur au public le plus sceptique et indifférent possible.




Notation



Réalisation : 8,5/10

Certes, James Wan n'est pas le réalisateur le plus talentueux d'Hollywood. Et pourtant. Sa façon de créer son ambiance, ses angles de caméra audacieux, ses décors, en un mot, son sens de la direction artistique font des merveilles dans un film d'horreur. Car comme je viens de le faire remarquer, l'ambiance est essentielle dans un film qui veut faire peur. Si vous pensez qu'il suffit de plonger votre caméra dans le noir complet pour réussir votre histoire effrayante, regardez le choix de ses couleurs. Des teintes vert sale, un violet prune, un vieil ocre passé, le tout dans une brume grise vaporeuse ou sous un soleil froid. Insidious est une œuvre d'art du genre.

Son : 8/10

L'ambiance sonore, tout aussi importante que l'ambiance visuelle est servie par des effets pas spécialement nouveaux mais bigrement efficace. Le son d'un vieux phonograhe et une musique effroyablement désuette comme sorte de BO du monde de l'effroi, des voix dans le babyphone, des violents inquiétants pour l'ambiance générale et une musique lancinante pour les séquences plus douces. Classique, mais efficace.

Scénario : 9/10

Sur le papier, le scénario n'a rien d'extraordinaire. Et c'est bien parce que c'est la principale difficulté dans un film d'horreur que la note est aussi élevée. Le film réussi à éviter l'accumulation de scènes clichées qui sont là simplement pour dire "ok, votre maison est hantée", mais s'il ne les évite pas toute, chacune prend place dans une mécanique servant à faire comprendre de quoi il retourne, et on évite aussi l'effet bateau avant le dernier tiers du film "oui, il y avait un cimetière indien avant et blablabla blablabla" qui plombe toujours la tension dramatique et l'effet terrifiant du mystère. Non, ici, même servis par une explication qui vaut ce qu'elle vaut, on n'est pour autant pas tirés d'affaire car les bonnes surprises scénaristiques s'enchainent jusqu'au dernier instant.

Interprétation : 7/10

Que tu es jolie, Rose Byrne. La demoiselle joue sur sa fragilité sans en rajouter. Elle campe une mère on ne peut plus normale, empreinte de sensibilité et d'amour maternel. Patrick Wilson, un peu moins expressif réussi malgré tout a bien faire passer le malaise de son personnage, même si jamais la colère, la peur ou le désespoir ne semblent vraiment l'atteindre. Le reste du casting est sur mesure, juste ce qu'il faut par rapport à leur personnage. Petite mention spéciale à Ty Simpkins qui est plutôt doué comme gamin, même si son rôle consiste une bonne partie du film à jouer le légume dans son lit.

Note Générale : 8/10

En 2011, Insidious a été ma bonne surprise. En deux ans et quelques visionnages supplémentaires, il reste à mon sens le film d'épouvante le plus réussi de ses 10 dernières années. A la fois très simple et très original, il mène son public par le bout du nez dans des directions contradictoires, des ambiances surprenantes, et une frousse bien construite. Si seulement tous les films vantant une parenté à Saw ou Paranormal activity étaient aussi bien...



 

"I went into Dalton's room,there was something in here with him. It was standing there in the corner. I asked it 'who are you?' and it said it was a visitor. I said 'what do you want?' It said 'Dalton' I can still hear that voice..."

3 juin 2013

Margin Call

Margin Call

J.C. Chandor
2011

Film : Américain
Genre : Thriller boursier
Avec : Kevin Spacey, Jeremy Irons, Zachary Quinto



Synopsis

Pour Eric Dale, cette matinée de printemps commence assez mal. La banque d'affaires qui l'emploie depuis 19 ans se voit obligée de réduire ses effectifs, et il ne se retrouve pas du bon côté de la ligne. Pourtant, il travaillait sur quelque chose d'important. Avant de vider son bureau, il parvient néanmoins à transmettre à Peter, l'un de ses brillants courtiers une clé USB contenant ce sur quoi il travaillait. Son dernier conseil avant que l'ascenseur ne se referme sur lui est "Sois prudent". Le soir même, Peter examine le contenu de la clé. Ce qu'il trouve dessus, créer un séisme silencieux. Il fait remonter l'information aux échelons de le hiérarchie, jusqu'à la réunion du Comité Executif qui doit prendre une décision dont les répercussions pourraient être dramatiques pour l'économie mondiale.

Avis

On se souvient tous de l'année 2008. Une onde de choc économique qui a fait trembler les Goldman Sachs, Lehman Brothers et autres établissements névralgiques de la finance mondiale. Une onde de choc qui força les États à piocher dans les finances publiques pour sauver l'équilibre économique complètement ébranlé. Outre l'indignation des peuples, assez scandalisés que  leurs impôts servent à payer les pots cassés de boursicotteurs qui roulent en Ferrari, ce séisme a en outre laissé sur le carreau des peuples entiers, demandez au Grecs ce qu'ils en pensent. Et à la base de tout ce système bancal, un mot avait fait à l'époque le tour des JT, sans finalement dépasser son concept assez abstrait dans les esprits. "Subprimes".

J.C. Chandor et Zachary Quinto, producteur et acteur dans ce film, avaient dans l'idée d'évoquer l'élément déclencheur de la crise sans pour autant diaboliser Wall Street. Pas forcément par empathie pour les financiers, on ne peut pas dire que Jeremy Irons interprétant le PDG de la fameuse firme concernée mais jamais nommée, attire particulièrement la sympathie sur son personnage, mais dans un souci d'ambivalence entre le faste de ce monde très fermé, et la répercussion de leurs actes aux catastrophes à venir. Le réalisateur dépeint alors une galerie de portraits, à tous les échelons. Qu'il s'agisse du directeur de branche, quadra froid et implacable, du jeune loup aux dents longues obsédé par l'argent ou le rôle de Kevin Spacey, qui se veut à la fois juste et terriblement cynique aussi, le personnel de cette société ne tombe jamais dans le manichéisme.

Et c'est donc tout naturellement au casting, dans un premier temps, dans un premier temps, qu'il faut tirer son chapeau. Kevin Spacey est absolument époustouflant. Sa bonhomie cache une bonne partie du film la vraie nature de son personnage qu'on ne saurai classer catégoriquement dans les gentils ou les méchants, bien qu'on s'en doute un peu quand même. Et derrière ce porte-étendard se cachent de nombreux acteurs extrêmement talentueux. Demi Moore, Simon Baker, Stanley Tucci, Paul Bettany... Chaque rôle distribué à la perfection. Mais un rôle ne tient pas qu'à son interprète. Car le scénario a une force vraiment admirable, celle de présenter, je le disais des portraits complètement saisissants, il a aussi le mérite de nous plonger dans un univers, une ambiance. New York, Wall Street, un building immense, une salle de réunion surplombant la ville, des hommes en costume 3 pièces à 4h du matin, et par dessus tout ce côté "thriller" sur l'aspect boursier, avec un jargon à la fois assez simple pour permettre au public de suivre, mais pas non plus dénué de sens, pour garder toute sa crédibilité. Ajoutez à cela une cohérence sur l'enchainement des situations, cette impression d'effondrement à tous les échelons de la firme et l'implication sur l'économie mondiale, dont on subit toujours au jour d'aujourd'hui les effets, le scénario est vraiment l'un des points forts de ce film.




Certes, il ne plaira pas à tout le monde. Si vous avez pleuré Chavez et que Mélenchon parle haut et fort vos idées, la fascination qu'insuffle le réalisateur à l'univers boursier vous laissera certainement froid. Car à travers la caméra de JC. Chandor, ce sont des écrans affichant des courbes d'actions, des chiffres, des chiffres, et encore des chiffres, des graphiques colorés contrastant avec la sobriété classe des bureaux, et puis cette ambiance de building endormi sauf pour quelques uns, tenant le monde financier entre leurs main, au coeur d'un New York printanier. Cette mise en scène particulièrement lissée convient parfaitement à l'ambiance dans laquelle plonge le scénario. Et pour avoir arpenté les couloirs d'un grand building à la Défense à 7h du matin, je sais à quel point ce sentiment d'irréalité transparaissant dans le film est véridique.

Le point de vue du réalisateur est d'ailleurs intéressant. Plutôt que de dénoncer les dérives absolument scandaleuses d'un système qu'on sent bien pourri jusqu'à la moelle, il préfère nous dicter une fable moderne sur les événements à la fois ordinaires et extraordinaires qui peuvent se passer, la nuit, à Wall Street. Car certes, des événements menant à une crise planétaire, il ne s'en passe pas toutes les nuits dans tous les buildings de New York, mais à l'échelle de la finance internationale, des meetings d'urgence du ComEx d'un groupe, il y en a régulièrement, et derrière le prétexte de la crise de 2008, c'est cette situation, l'ambiance de précarité qui en découle, le doute dans la tête des acteurs de ce milieu, jeunes, vieux, blindés de talent, ou simples soupapes de sécurité, qu'on nous raconte.



 






Notation

Réalisation : 8/10

L’œil du réalisateur a cela de talentueux, qu'il sait transcender son environnement pour le rendre esthétique. Margin Call propose principalement des couloirs, des bureaux, des salles de réunion, dans un gratte-ciel new-yorkais. Derrière l'apparente austérité de ces murs blancs moquette grise, J.C. Chandor trouve la poésie du lieu de travail. Une impression de profondeur réussie sur un gigantesque open-space vide et sombre, si ce ne sont les dizaines d'écrans des courtiers, une vue de Manhattan à l'aube depuis un grand bureau froid, une table en noyer entourée d'hommes et de femmes en complet étriqués. Il y a dans ce film, une sorte de plastique méticuleuse vraiment attirante.

Son : 7/10

Minimaliste, la musique est très peu présente sur l'ensemble du film, si ce n'est par touches sobres et graves pour souligner la tension d'une situation. La vraie musique de ce film est d'ailleurs plus constituée des discours tout aussi graves des protagonistes, dont l'alarmisme mesuré et pesant rythme les dialogues.

Scénario : 8/10

L'écriture de Margin Call déroute un petit peu au début. Certes le ton est dur, on repère tout de suite le malaise qui règne dans ce monde tordu de la finance internationale, mais l'histoire dérive ensuite entre une sorte de subjugation pour l'univers, tout en cherchant à raconter une histoire romancée inspirée de faits on ne peut plus réels. C'est cette ambivalence permanente qui surprend, mais les situations et les personnages sont si bien dépeints qu'on se laisse happer par l'ambiance jusqu'à la fin du film.

Interprétation : 9/10

Kevin Spacey en tête, le casting luxe de ce film est le gros plus de ce film. Chaque rôle, majeur et mineur semble taillé sur mesure pour leur interprète, contribuant à l'immersion dans l'intrigue. Jeremy Irons est un excellent PDG, implacable. Simon Baker, tout aussi excellent dans son rôle de directeur... et bien implacable lui aussi. Demi Moore en salope tout aussi implacable est bluffante, et Zachary Quinto, au milieu de ça, lui a un plus beau rôle qui semble correspondre parfaitement à ses épaules. Super casting, vraiment.

Note générale : 8/10

Sous ses airs un peu alternatifs, Margin Call est un très bon film, très équilibré. Ne souffrant d'aucune faute notable, si ce n'est peut être la difficulté qu'il aura à faire l'unanimité selon certaines sensibilités économiques, il est l'archétype du long métrage immersif dans un monde fantasmé et inconnu de la majorité du grand public. Porté par son casting époustouflant, et la sobriété qu'il dégage, il accrochera au fauteuil quiconque cherche une plongée ahurissante dans le monde de Wall Street.





"I spent 76 520 dollars on booze, dancers and whores."

9 mai 2013

Jurassic Park

Jurassic Park

Steven Spielberg
1993

Film : Américain
Genre : Science-fiction aventure dinosauresque
Avec : Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum




Synopsis

John Hammond est en effervescence quelques semaines avant l'ouverture de son nouveau parc d'attractions situé sur une île dans le Pacifique, au large du Costa Rica. Face au scepticisme des actionnaires qui veulent des garanties sur leur investissement, il consent à faire venir plusieurs experts sur l'île pour qu'ils donnent leur aval à la viabilité du projet. Hammond part donc chercher le Pr Alan Grant et sa collègue Ellie Sattler, éminents paléontologues pour qu'ils parrainent le parc. C'est donc accompagné de l'avocat d'Hammond, de ses petits enfants et du Pr Malcolm, théoricien mathématique qu'ils pénètrent dans Jurassic Park, pour découvrir stupéfait que le vieux mécène a réussi à cloner et ramener à la vie, plusieurs espèces de dinosaures, pourtant éteintes depuis plus de 65 millions d'années.

Avis

Je replace brièvement le contexte. Nous sommes en 1993. Moi? J'suis un gamin de 7 ans, et comme pas mal de gamins de 7 ans, je kiffe les dinosaures. A l'occasion d'un film, je vois une bande annonce. Des mineurs creusent la roche pour finalement découvrir de l'ambre où un moustique est piégé. Quelques images très très furtives de dinosaures et... Un titre, et un logo. Jurassic Park.

Si à 7 ans, je ne suis pas sûr que le nom de "Steven Spielberg" m'ait beaucoup parlé, cette bande annonce, ce premier trailer si énigmatique qu'il soit, même, m'avait garanti de la force et de la puissance que ce film allait avoir sur un minot fana de dinos. Quelques semaines plus tard, le film m'avait prouvé raison. Jurassic Park était bel et bien la claque attendue.

Seulement voila, ces charmants souvenirs datent de 20 ans, beaucoup de choses ont changé dans le cinéma en deux décennies. Les images de synthèse ont tellement évolué, quand on voit les claques graphiques qui peuvent nous filer des Avengers ou des Prometheus, on se dit que la 3D de 93 doit être un peu désuète, non? A vrai dire, le jugement d'un gamin et celui d'un adulte sur un film diffère sûrement pas mal.

Et bien non. Honnêtement, JP n'a pas pris une ride. D'une part, c'est l'un des meilleurs Spielberg (même si la liste des "l'un des meilleurs Spielberg" est longue) où on y retrouve toute sa maestria de la mise en scène, le lyrisme de la musique de John Williams, et les thèmes chers à Steven avec l'enfance, l'héroïsme dans les mains et le coeur d'hommes et de femmes ordinaires, et bien sûr, ce sens quasi surnaturel de la dramatisation des scènes clés autour des grosses bébêtes.


Les premières minutes donnent déjà l'occasion de profiter de la superbe du réalisateur, comme avec ce plan où l'hélicoptère d'Hammond descend se poser devant une cascade, ou bien le gros plan typique chez Spielberg sur ses acteurs ouvrant des yeux comme des soucoupes devant un troupeau de Brachiosaures. Mais, mais, mais, le premier moment époustouflant, au sens propre, c'est la scène du T-Rex. La tension grimpe progressivement, surtout qu'elle est précédée d'une petite séquence émotion avec un autre dino bien plus sympathique. Digne des meilleurs films d'horreur, tout y est pour scotcher le cinéphile dans son fauteuil, agrippant nerveusement la mousse tweedée de l'accoudoir.

Spielberg orchestre chaque seconde, chaque angle de vue, s'assurant un rendu quasi identique entre les plans de dinosaures en animatroniques (et non pas "auto-érotique" comme dirait Gennaro) et ceux en images de synthèse. L'aspect général, malgré un léger flou sur les CG de mouvement, est impressionnant de réalisme pour un film de cet âge là. La qualité du script, et ce malgré quelques incohérences mineures, fait le reste. On passe de l'émerveillement à la peur, du soulagement à la haine, du rire aux hoquets paniqués, et tout cela sans se sortir de l'immersion dans laquelle nous plonge Steven, jusqu'à ce final sur un soleil couchant, moment ou on se dit "déjà?" dans un premier temps, puis "encore!". Yes. It's that good.

Est-ce vraiment si bien? Vraiment? Ne peut on pas trouver à y redire? Et bien, oui, oui, et non. J'insiste. Jurassic Park était une leçon de cinéma. Si je n'étais pas capable de m'en rendre compte à l'époque, trop excité par l'idée de voir des dinosaures plus vrais que nature bouffer des gens, aujourd'hui je persiste et signe. Qu'il s'agisse du scénario de Michael Crichton, adapté de son propre roman, mettant en relief chaque situation l'une par rapport à l'autre pour donner au film ce rythme typique de Spielberg entre moments ébouriffants et accalmies oniriques, ou les effets de lumière destinés à souligner l'ambiance des lieux, peut être encore le jeu des acteurs, y compris les enfants, ni cabotins ni trop lisses... Si la carrière de cinéaste vous branche, il ne reste plus qu'à prendre un calepin et noter. Ce plan ou la caméra se porte de Jeff Goldblum dans la voiture pour descendre jusqu'à son reflet dans une flaque d'eau tremblant sous les pas du T-Rex. Celui ci ou un traveling circulaire autour de la voiture montre les enfants émerveillés derrières les vitres reflétant un ciel nuageux. Ou encore celui là, en contre plongée où le visage de Muldoon est presque caché par le canon de son arme en très gros plan.

Et la 3D alors? Assez sceptique sur la capacité des studios à adapter les grands classiques en 3D, malgré un bon Titanic 3D l'an dernier, je l'étais encore plus en voyant la bande annonce dont la qualité des images en relief paraissait assez ratée. Fort heureusement, après quelques effets de 3D maladroits, surtout au début du film, on se retrouve finalement aspiré par la qualité de la réalisation a un tel point qu'on ne se rend même pas compte que la 3D passe plutôt, voir même très bien. Sans avoir la profondeur des films actuels tournés avec la technologie 3D, certaines images ressortent admirablement, renforçant le contraste dans la composition des plans. Et puis franchement, 3D ou pas 3D, JP sur grand écran c'est absolument indispensable.



 
Notation

Réalisation : 10/10

J'ai envie de donner la plus belle note à Steven Spielberg. Monsieur Spielberg a déjà plusieurs Oscars sur sa cheminée, alors je me doute bien que mon avis lui fasse une belle jambe, mais il faut savoir reconnaitre le talent et la maitrise quand elle est là. Jurassic Park représente la quintessence d'un film réussi. Certes c'était un blockbuster, certes c'est plus facile de faire des bons films quand on s'appelle Spielberg et que les producteurs sont près à "dépenser sans compter" (pas trop quand même non plus, ça reste des producteurs) mais Spielberg aussi s'est raté par moment. Lui aussi, il a fait des navets et des plantages sur toute la ligne. Ouais, mais celui là, c'est pas le cas. L'ambiance, la tension, la photographie, l'orchestration, tout ça va dans le même sens. La qualité. Et quant aux effets visuels... Mazette! Ils ont 20 ans, vraiment? Peut être moins clinquants qu'un Transformers 3, ils n'en restent pas moins une réussite totale favorisant l'immersion.

Son : 9/10

Que dire de John Williams? Bon, si on veut l'attaquer, on a qu'à dire que ce n'est pas très original. De la musique philharmonique soulignant chaque moment marquant du film, donnant le la des émotions à adopter, comme dans ET, comme dans Indiana Jones, comme dans Rencontre du 3e type, comme dans Star Wars aussi évidemment... Mais vous savez quoi? Ca marche. Et puis il y a les bruitages, surtout les cris des dinosaures. L'avantage, c'est que le rugissement d'une bestiole éteinte depuis 65 millions d'années, y a pas grand monde pour en parler, même Pierre Tchernya. Du coup, le rugissement du T-Rex ou ceux des Raptors ont quelque chose d'exotique, d'inconnu, de redoutablement bestial aussi, et collent parfaitement à l'idée qu'on se fait d'un prédateur suprême. Ca aussi, ça fait partie des trucs qui te vissent le cul dans ton fauteuil quand t'es au ciné.

Scénario : 8/10

Écrivain brillant passionné de techno-science-fiction et de cinéma avec lequel il collabora beaucoup, Crichton était un excellent scénariste dont Jurassic Park est resté à mon sens une pierre angulaire dans les scenarii de films d'action/aventure/sf/blockbuster/gloubiboulga. Si le principe même de clonage était encore un peu abstrait pour les masses il y a 20 ans, nul doute qu'il a aujourd'hui une certaine actualité. Et quand bien même on considèrerait le "comment" et le "pourquoi" de la recréation de dinosaures en laboratoire comme accessoires (ça serai une erreur, mais bon, les gamins comme moi à l'époque ça peut leur échapper de telles réflexions, par exemple) on se retrouve quand même avec une histoire superbement menée. Ok, l'enclos du T Rex passe du niveau du sol à un gouffre de 20m de haut en 5 minutes, ok, tout le monde se barre alors que le Parc reçoit ses premiers "clients test" mais à part ça, le script est quand même vachement bien ficelé.

Interprétation : 9/10

Pas de fausse note dans l'interprétation non plus. Sam Neill est jouissif, entre l'antipathie dont il fait preuve au début, son courage, et la relation qu'il noue avec les enfants, qui sont d'ailleurs eux aussi assez naturels (autant qu'on puisse l'être quand on est chassé par des dinos un peu plus vindicatifs que Denver) le reste du cast, Jeff Goldblum en chaoticien dragueur ou Bob Peck, le braconnier froid et méthodique, même les seconds rôles comme Samuel L Jackson, l'informaticien fumeur, tout le monde trouve sa place dans ce film, très certainement brillamment dirigés par Spielberg.

Note Générale : 9/10

Peut être qu'en 93, il méritait carrément 10. Bien que n'ayant pas pris une ride, bien qu'impressionnant en tout point, graphiquement, musicalement, et vraiment actuel dans les thèmes abordés, on ne peut néanmoins pas assurer que c'est le meilleur film de l'année, tout simplement parce qu'il a déjà un historique, et qu'il garde une empreinte de son temps, indélébile. Malgré cela, JP est, et restera la claque que j'avais reçu en 1993 en allant le voir pour la toute première fois. Un film impeccable à montrer dans les écoles de cinéma avec la légende "voila comment faut faire si tu veux mettre une monstrueuse torgnolle dans la gueule de ton audience". Un dernier mot, pour ceux qui restent sceptiques et qui me diront "Mais pourquoi j'irai voir un film de 93 au cinéma quand je peux en voir un récent?" à ceux là je dis "Allez y quand même", et quand vous l'aurez vu, je vous renverrai à la citation en fin de critique, là, juste là, sous la photo.




"Boy, do I hate being right all the time"

26 avr. 2013

Iron Man 3

Iron Man 3

Shane Black
2013

Film : Américain
Genre : Action Marvel sauce 80's
Avec : Robert Downey Jr, Gwyneth Paltrow




Synopsis

Après l'attaque alien sur New York où Tony Stark a sauvé le monde avec ses compagnons Avengers, il se retrouve traumatisé par l'expérience, et passe le plus clair de son temps à travailler dans son labo sur un tas d'améliorations pour ses armures. Cependant, un terroriste particulièrement abominable, se faisant appeler le Mandarin menace directement les États-Unis après une série d'attaque à la bombe sur le globe. Tony Stark croit bon de le provoquer directement, mais il se trouve alors pris pour cible par le terroriste.

Avis

Shane Black vous connaissez? Mais si, c'est le scénariste d'un tas de super films! ... Dans les années 80. Excusez du peu, Monsieur Black commence sa carrière par un coup d'éclat, il écrit le scénario d'un buddy cop movie, mais pas n'importe lequel : l'Arme Fatale. Bon, outre une affection pour les titres de film bien bien kitch qui veulent rien dire, on admire tout de même la qualité de son intrigue pour un minot à l'époque. Suivent des années fastes, remplies de succès pour le scénariste qui tourne même dans quelques petits rôles (le nerd à lunettes dans Predator qui se fait trucider vite fait, oui, oui, c'était lui) mais c'est essentiellement ses scripts qu'on retient : L'Arme Fatale donc, sa suite (le meilleur de tous, soit dit en passant) mais aussi le Dernier Samaritain, un "classic Bruce Willis" signé Tony Scott, autre Monsieur action de l'époque, ou encore le satyrique Last Action Hero, comédie délirante parodiant à merveille ce genre de films à base de duo de flics, de courses poursuites nocturnes dans une cité américaine de préférence bling bling (au hasard, Los Angeles, New York ou Miami) et forcément de grosses fusillades et explosions.

Oui mais voilà, ces belles années c'était y a 20 ans. Depuis, qu'était devenu Shane? 2005: Kiss Kiss Bang Bang. Déjà avec RDJ tiens. Je me souviens avoir vu ce film au ciné. Si je me souviens d'autre chose concernant ce film? Absolument pas. J'ai quelques vagues souvenirs de répliques bien senties entre Robert Downey Jr et Val Kilmer, des "bang bang" promis par le titre, et aucun souvenir de l'intrigue. C'est plutôt mauvais signe pour un film ayant moins de 10 ans, réalisé par un scénariste de génie. Ce qui nous amène donc 8 ans plus tard à cet Iron Man 3. Pardon pour l'intro un peu longue, mais croyez moi, une mise au point était vraiment nécessaire pour comprendre à quoi on a à faire ici.

Parce que en sortant de la salle de ciné, je me suis demandé si j'étais revenu en 1993. Quand j'ai vu la bande-annonce de Jurassic Park, avant le film, j'aurai dû me méfier. Iron Man 3 est un Shane Black période Arme Fatale. Tout y est! Les clichés du buddy cop movie, le gamin énervant qui ne prend même pas le temps d'être cool comme celui de Last Action Hero, la scène finale dans un port de fret la nuit, la villa bling bling du méchant en plein Miami gardée par des types en costard, un bout de l'intrigue façon Air Force One avec Harrisson Ford (sorti en... 1993? Nan, 1997, c'était pas loin!) et d'ailleurs notre ami le Président Américain joué par William Sadler qui s'amusait en 1990 a faire un kata nu devant son miroir avant de prendre d'assaut un aéroport dans 58 Minutes pour vivre.

Je vous le dis! Ce long métrage fleure bon les années de mon enfance. En réalité, à part les effets spéciaux vraiment époustouflants (mais en même temps c'est dans le cahier des charges) TOUT nous vient directement de la décennie 1987-1997. Même le générique de fin est calibré façon sitcom 80s! Y manque plus qu'une musique genre "Y faut de tout pour faire un monde" Oh wait! Même la musique du générique est clicheton! Madame est servie style.

Mais, mais, il y a bien des choses pour rattraper l'ensemble malgré tout non? Le Mandarin, par exemple! Il a forcément la classe! Ben Kingsley c'est un super acteur. Ha ça, pour être un grand acteur, oui, c'est le mot. Dommage que son comparse Guy Pearce nous serve du cabotinage sans limite dans le rôle du méchant #2, tout en grimace et en réactions wtf comme quand il flingue des gens supposément importants dans le script sans raison valable. On passe aussi sur l'intro genre "Bouhou y a 13 ans j'étais jeune et stupide, alors pourquoi m'en vouloir pour ce que j'ai fait à l'époque qui t'a transformé en cabotineur niveau WWE?"

Entendons nous. Le scénario est d'une platitude que n'aurait pas renié Jacques Brel. Tellement plat qu'on voit venir les twists du script bien avant qu'ils aient passé la ligne d'horizon. D'ailleurs quand Stark... Parle comme ça... Avec une pause entre chaque bout de phrase, on peut... Facilement anticiper... Ce qu'il va dire! Amusant au début, mais à la fin, franchement, marre.

Iron Man 2 non plus ne brillait certes pas par son scénario pourtant. Ca ne l’empêchait pas d'être un film divertissant et d'assez bonne facture. A vrai dire, il suffisait à Tony Stark d'enfiler son armure, de sortir une réplique bien badass et de tout faire péter, et on se sentait kiffer. Le problème vient là encore du script. Pour mettre Iron Man en position de faiblesse, "t'as vu c'est un super héros, mais il a des doutes", toussa, Shane Black a la bonne idée de nous extirper RDJ de son armure à peine a-t-il mit les pieds dedans, et de toute façon quand il y est, elle déconne. A la fin, lui et son armure c'est même "j'entre, je sors, j'entre, je sors" (N'y voyez là aucune allusion inappropriée) . Résultat, c'est en mode Arme Fatale que Stark va dézinguer du méchant à coup de flingue, dos à dos avec son poto Don Cheadle. Qui a dit... C'est quoi le mot déjà... Cliché?

Du coup, on ressort de ce film avec un drôle de gout doux amer sur la langue. Du genre comme quand on boit un banga périmé. (Forcément, ce truc est plus produit depuis 99. Hum encore les années 90... Coïncidence? Je ne crois pas.) Certes c'est chouette, ça fait piou piou bang boum crash dans tous les sens, on en a plein la vue, c'est coloré (comme Banga) mais, vraiment, revenir 20-25 ans en arrière sur un block buster pareil, était-ce judicieux? Servir un monument de clichés datés, empilés les uns sur les autres, était-ce la meilleure façon d'embrayer la phase post-Avengers des films Marvel? Libre à chacun de se faire son avis sur la question.




Notation

Réalisation : 6/10

Des jolis effets spéciaux, comme d'habitude dans ce genre de film. Rien qu'à voir la liste hallucinante de gens ayant bossé sur les effets visuels, faut bien leur rendre hommage. Parce qu'en dehors de ça, c'est vachement brouillon, les plans sont montés très courts avec une réalisation clip, ça fait un peu mal aux yeux, surtout en 3D. A coté de ça l'ambiance est un ratée, tantôt vraiment trop 90s comme à la fin, tantôt hyper actuelle comme au début du film. En fait, y a pas d'ambiance visuelle propre. C'est un patchwork plutôt. Tenu ensemble par les effets spéciaux spectaculaires.

Son : 5/10

Jusqu'à présent, la voix de Tony Stark était plutôt cool. Bon, là ça tient à l'écriture, mais dans la scène post générique j'aurai pu le baffer pour qu'il arrête avec sa voix off et ses intonations arrogantes. Mais et la musique alors? Datée? Désuète? Carrément hors contexte voir invisible? Check. Ce générique de fin! Allô! Nan mais allô quoi! T'es en 2013 tu prends une musique de sitcom!

Scénario : 4/10

Comment foutre en l'air le scénar d'un block-buster? Je sais pas, confiez le script à un has-been qu'a rien écrit de décent depuis 20 ans par exemple. Excellente idée pour que le moindre retournement scénaristique soit visible à 20km et que les acteurs cabotinent comme aux plus belles heures du cinéma d'action des années 80. Saupoudrez d'une pincée de bonnes idées sous exploitées, du style un méchant charismatique qui regarde des matchs de foot (ça casse un peu le mythe, j'dois dire, même si moi aussi j'aime bien regarder Liverpool battre Chelsea) et vous me faites mijoter tout ça dans un contexte de cinéma périmé depuis une génération, idéalement servi réchauffé.

Interprétation : 6/10

Par quoi je commence? Tony Stark en pleine introspection qui se la joue Docteur House, l'antipathique au grand coeur sujet à des crises de panique? Don Cheadle en side-kick cool "mais surtout reste bien en second plan, c'est pas toi le héros"? Ou alors peut être Gwyneth Paltrow, vierge effarouchée qui nem cré cré fort son Iron Man chéri et qui veut le protéger quand il passe par une phase de doute? Ou encore Guy Pearce "n'est pas Brad Pitt qui veut" cabotin dans l'âme qui après le rôle de vieux crouton machiavélique de Prometheus s'essaye au jeune quadra machiavélique qui crache du feu? Heureusement que Ben Kingsley est là... Enfin, si on veut.

Note générale : 5/10

Avengers, ça c'était cool. Des égos de super héros à gérer pour Nick Fury, des méchants stylés, un porte-avion volant que j'veux le même dans mon jardin, et un Iron Man en très grande forme, on en convient. Bah fallait en profiter l'année dernière, parce que ce genre de super production géniale signée Joss Whedon c'est terminé. Fini les Marvels par les geeks pour les geeks, voici les Marvels par les has-been pour les has-been. Ok, pour une soirée ciné entre potes ça passe, le spectacle et l'humour sont globalement au rendez-vous, dans tout autre contexte, non, ça le fait moins.


 

"Me, I'm just a guy in a can" 

22 avr. 2013

Oblivion

Oblivion

Joseph Kosinski
2013

Film : Américain
Genre : Science-fiction post-apo largement référencée
Avec : Tom Cruise, Morgan Freeman, Olga Kurylenko




Synopsis

En 2017, la Terre a été attaquée par les Chacals. L’Humanité a vaillamment combattu pour gagner la guerre, mais la terre était ravagée, ne lui laissant pas d'autre choix que d’immigrer sur Titan. Seuls restent sur Terre Jack et Victoria, deux techniciens chargés de la maintenance des drones surveillant les stations de pompage qui convertissent l'eau de mer en énergie pour le Tet, la station spatiale qui emmènera la race humaine sur sa nouvelle planète d'adoption. Mais Jack qui arpente la seule zone non irradiée de la Terre aux alentours de New York pour y réparer les drones, ne semble pas enclin à vouloir quitter sa planète à la fin de sa mission, malgré la dévastation et les Chacals qui le prennent toujours pour cible, des années après la fin de la guerre. Comme si quelque chose, ou quelqu'un le retenait ici bas.

Avis

Pas vraiment encore une référence du cinéma de SF, Joseph Kosinski a néanmoins un sens de l'image assez particulier. Oblivion est à l'origine un roman graphique qu'il avait imaginé en 2000. En ce sens, le film qu'il en tire est à l'image d'un univers de science fiction imaginé par un jeune de 25 ans, passionné de SF et de graphisme. Post-apocalyptique, esthétique, et ultra référencé.

Post-apocalyptique, oui, car le XXIe siècle est un monde cyber-punk où la menace de destruction totale de la planète est un enjeu majeur qui marque tout particulièrement la jeunesse dont les espérances se sont nettement réduites par rapport à celle de nos aïeux. Le monde d'Oblivion est pessimiste: l'Homme a gagné, mais à quel prix? Celui de sa planète, son foyer... Les vestiges de la civilisation se retrouvent ici ensevelis, dévastés, démantibulés. Et le contraste de la Tour où vivent Jack et Victoria, perchée sur les cimes, immaculée souligne l'infinitésimale bulle de modernité et d'espoir qu'il reste à cette planète. Mais cette bulle parait froide et lointaine. A l'image du Tet.

Esthétique, car la façon de filmer cet univers froid, ses paysages sauvages d'une nature ayant balayée presque totalement les vestiges de l'Humanité, et les effets spéciaux à la fois sobres et vraiment bluffant, relève d'une recherche constante de l'image, digne d'un graphiste de formation apportant son oeil sur le moindre détail, le moindre effet de lumière pour un résultat vraiment léché.

Ultra référencé, parce que malgré la maitrise globale, chaque plan, chaque idée, chaque minute presque du film, est un hommage plus ou moins flagrant à la grande famille du cinéma de SF et plus largement à celui de Tom Cruise auquel le réalisateur s'amuse à glisser quelques clins d'oeil. D'une part, l'univers ne manquera pas de rappeler La Planète des Singes, les Chacals eux sont des sortes de Predators, mais mis en scène comme des hommes des sables de SW, scrutant leur proie de loin avant de l'encercler, la Tour, les drones et le Tet ont quelque chose de Kubrikien, presque effrayants, (une impression de 2001 qui se confirme vers la fin du film d'ailleurs), et sans entrer dans le détail on peu citer pèle mêle d'autres clins d'oeil à The Island, Independance Day, Blade Runner, Moon, de multiples autres images faisant penser à la saga Star Wars, et pour ce qui est de la carrière de Tom Cruise, un chouia de Top Gun avec la poursuite en aéronef, les lunettes ou la moto, du Mission Impossible au début... Et je vous jure que dans tout ça la liste n'est pas encore exhaustive.

Du coup, que faut il penser d'un film comme ça, qui se borne à reprendre des idées à droite à gauche, des plans à tel ou tel film, des lignes de scénario chez telle ou telle référence? Hurler au plagiat et décréter de facto l'inintérêt de ce long-métrage? J'ai préféré y voir une foule d'hommage plus ou moins dissimulés et l'histoire écrite par un jeune d'une vingtaine d'années et qui a la chance de la porter sur grand écran avec un budget colossal quelques 15 ans plus tard. Car si Joseph Kosinski n'est plus un jeune rêveur, son histoire, à l'instar de Luc Besson quand il ébauche le Cinquième Element, elle, date de ses plus jeunes années, et synthétise toutes les influences qu'on y accumule.

En contre-partie, Oblivion récuse une âme qui aurai transporté un bon film de SF au panthéon du genre. Bien que le pari de faire un film plus posé que ce qu'on a l'habitude de voir soit notable, et que d'ailleurs l'équilibre soit bien trouvé entre calme et action (sauf au début) l'absence de réelle "killer idea" ou d'un truc en plus laisse Oblivion au niveau des divertissements très sympathiques, avec une petite mention pour son côté esthétique.




Notation

Réalisation : 9/10

Il faut avouer que le film est beau. Décors et paysages magnifiques, images de synthèse particulièrement réussies, ambiance de Terre meurtrie et désolée vraiment palpable, la réalisation de l'Américain est quasi exempt de reproches. Le coucher de soleil et de Tet sur la Tour 49 laisse rêveur, et on s’imaginerait bien contempler celui ci depuis la piscine en charmante compagnie, je vous l'accorde.

Son : 8/10

La bande son des français de M83 est plutôt discrète, mais passe bien. C'est vrai qu'elle manque parfois d'originalité, me rappelant par moment celle du jeu Mass Effect, mais elle colle à l'ambiance minimaliste et épurée que laisse transparaitre la plastique des images. Et puis même si c'est un peu kitch, Procol Arum et Led Zep c'est cool.

Scénario : 6/10

Sans être sans surprise, le scénario se montre souvent convenu. Les références à nombre de classiques de la science fiction ne sont pas seulement visuelles, et on les retrouve aussi dans l'écriture. Par ailleurs l'histoire ne passe pas à coté de certains clichés franchement ringards qui mettent en scène un Tom Cruise en chemise à carreaux par exemple, ou une demande en mariage scabreuse...

Interprétation : 7/10

Tom Cruise est étonnant de sobriété dans ce film. Moi qui craignait le voir en mode méga super héros seul au monde façon Bruce Will-is Smith, le voila plutôt réservé, pas trop trop bogoss (même s'il a des gonzesses toujours deux fois plus jeunes que lui) il est bien dans ses baskets dans ce rôle au final. Quant au reste du casting, peut être moins mis en valeur par le scénario (dommage que Nikolaj Coster-Waldau garde son coté side-kick badass mais qui s'illustre à peine) moi je retiens quand même le charme d'Andrea Riseborough dont la vivacité et l'expressivité contraste un peu avec Olga Kurylenko, palotte dans le film.

Note générale : 7/10

Oblivion ne sera pas le film de SF de l'année, surtout qu'on attend le second Star Trek, mais il reste une bonne surprise pour les amateurs du genre qui ne seront pas exaspérés par les références quasi continuelles et la convenance du scénario. Et puis, il a sa qualité visuelle pour lui, rendant l'ensemble franchement appréciable quand on n'en attend pas non plus l'impossible.




"That is one pissed off weapon!"

 

8 janv. 2013

Bilan 2012 & Inside Video Games

Bilan 2012 - Inside VG


Désolé, ça fait longtemps que je n'ai pas posté de critique. Je poste moins parce que je regarde un peu moins de films. Rassurez vous en 2013, de nouvelles critiques arrivent. Mais avant cela, avec la nouvelle année, l'heure est aux bilans de l'année écoulée.

En terme de cinéma, l'année 2012 a été marquée par quelques événements sur lesquels je vais brièvement revenir.

The Artist



Les chiffres ont parlé pour le projet d'Hazanavicius et de Langmann. 133 millions de dollars de recettes, presque 10 fois sa mise de départ, et surtout des récompenses à en pleuvoir, avec les plus prestigieuses, cinq oscars majeurs sur dix nominations.

Le film conçu comme un hommage au cinéma muet des années 20-30 a beaucoup plu aux USA mais aussi en France. La qualité était au rendez vous c'est vrai.

Prometheus



Je ne vais pas revenir sur le film. Il a ses partisans et ses détracteurs, et pour le coup, je suis une taupe dans les deux camps. Je lui trouve des cotés qui font de lui le film de l'année, et d'autres qui me donnent envie de crier au scandale et qu'on me rende le pognon des 4 places de ciné que j'ai payé pour y aller (bon en fait, c'est pas vrai, j'ai un abonnement) Mais incontestablement il a marqué l'année pour son style, et en tout cas il a fait parler

The Dark Knight Rises



Une bonne grosse claque blockbusteresque dans la gueule. J'aime beaucoup le ciné de Nolan, et ce film est un très bon Nolan, mais il a ses petits défauts, l'absence relative de Batman dans un bon gros bout, l'awesomeness écrasante de Bane qui tue le film par son charisme à coté d'un Batman un peu trop fade etc. Ouais, enfin j'ai quand même kiffé grave

Ame to Yûki - Ookami Kôdomo Les Enfants loups



LA perle de l'année. Mon film préféré en 2012, meilleur film de japanim' que j'ai vu depuis longtemps, depuis Le Château Ambulant peut être bien. Une claque pas possible, plongée dans le Japon rural et dans la chronique de l'enfance et de la parentalité, concentré d'émotions, limite y m'a fait chialer tiens, c'est pas tous les jours que ça arrive. C'est un peu LE film à voir si vous l'avez loupé parmi tous ceux là.

Skyfall



Chaque nouveau James Bond est un événement. Celui ci peut être un petit peu plus encore car premier réalisé par un metteur en scène oscarisés, Sam Mendes, sorti à l'occasion des 50 ans de Bond, à la fois plus moderne mais également très fidèle à l'esprit original, il n'y a pas à dire, Skyfall est à part. Et un excellent film en outre.

The Hobbit



Peter Jackson est un troll. Je ne parle pas de son aspect, mais je me souviens d'une époque où je trainais sur un forum consacré à l'univers de Tolkien. Il suffisait de deux lettres -PJ- pour troller un topic. En gros il y a deux camps en puissance. Ceux qui avaient lu les livres avant les films, et les autres. L'adaptation du hobbit, si on la pensait confiée à Guillermo del Toro il y a quelques années, qui semblait rassurer certains des plus sceptiques, c'est finalement à nouveau PJ qui s'y est attelé, souhaitant faire dans ses vieux pots, la confiture la plus rentable, avec 3 films épiques emprunts d'héroïsmes et de magie. Finalement la magie retombe un peu tellement ce premier film comble du vide avec de l'air brassé, mais ça marche, ça rapporte, et ça fait parler.


Bien sûr il y a eu plein d'autres moments cinéma cette année dont on pourrait parler mais ceux ci m'ont particulièrement donné envie d'en parler.


Et 2013 alors? Et bien en 2013 je ne vais pas vous parler de films, mais de jeux vidéos! Enfin si, un peu de films quand même, mais j'ai lancé il y a quelques jours un nouveau blog consacré aux tests de jeux vidéos.

Car à la maison, quand je ne regarde pas un film ou une série, en général c'est que je suis vissé devant une console (geek! >-<) et que donc, j'ai des choses à dire. Bien sûr tester un jeu est à mon sens tout sauf une mince affaire. L'univers vidéo-ludique demande beaucoup d'expérience pour l'appréhender. Il fait référence au cinéma, à la littérature ainsi qu'à tout un tas d'autres jeux. Mais quand regarder un film prend 2h, maxi 3h, un jeu est beaucoup plus timide et ce sont des dizaines, parfois une ou deux centaines d'heures qui sont nécessaires pour qu'ils laissent entrevoir tous leurs secrets.

Qu'à cela ne tienne, et pour ce que ça vaut, je me suis lancé. Ca vaut ce que ça vaut, l'avis d'un gamer, mais si parmi vous il y en a qui sont autant passionnés par le monde de la manette que par celui de la place de ciné, je vous donne rendez vous à cette adresse :