8 juin 2012

300

300

Zack Snyder
2006

Film : Américain
Genre : Péplum graphique épique épique et colégram
Avec : Gerard Butler, Lena Headey



  

Synopsis

Léonidas, roi des Spartiates, puissant peuple guerrier de la Grèce antique, se retrouve confronté à un dilemme cornélien lorsqu'un émissaire de l'empereur Perse Xerxès se présente aux portes de sa cité, avec un message de paix... si le roi reconnait sa soumission au terrible souverain de toute l'Asie. Animé par la fierté guerrière qui conditionne chacun des habitants de Sparte, Léonidas refuse l'allégeance. Malheureusement les éphores, oracles influents de la Grèce antique prétendent que les dieux ne souhaitent pas la guerre. C'est donc en tant qu'homme et non en tant que Roi et Général d'armées, que Léonidas se rend aux Thermopyles, accompagné de 300 hoplites parmi les plus valeureux de tous les Spartiates, pour contenir l'invasion des centaines de milliers d'hommes et créatures que compte l'armée de Xerxès.

Avis

Avant de s'attaquer à Watchmen, Zack Snyder alors tout jeune réalisateur, avait eu un pari fou. Adapter un roman graphique de Frank Miller retraçant avec force et violence la bataille des Thermopyles et du roi Léonidas contre les armées Perses. Il faut dire que le style de Frank Miller, très particulier, et également très plébiscité dans le monde des comics avait valu un bon Sin City sur grand écran. "We have the technology" a ainsi pu affirmer Zack Snyder qui a filmé son film avec des décors quasi exclusivement composés d'effets visuel.

Le résultat est par conséquent très proche de l'idée d'un roman graphique. Y comprit dans sa narration, avec l'intervention d'un narrateur qui décrit les scènes de batailles comme celles ci défilent à l'écran, chorégraphiées au millimètre. Mais du coup on est face à un hybride. Film? Animé? Délire psychédélique? Un peu tout à la fois. Le réalisateur s'attache à retranscrire une ambiance onirique, comme un rêve, surréaliste, à l'imagine de l'incroyable récit que nous ont livré les Grecs de la vraie bataille des Thermopyles. Frank Miller s'est d'ailleurs personnellement beaucoup impliqué sur le projet, en tant que scénariste et producteur exécutif, afin que le film soit une adaptation la plus fidèle possible de son comic.

Alors autant le dire tout de suite, on aime, ou on déteste. A croire que c'est une condition sinequanone du cinéma de Zack Snyder et de ses paris audacieux. Dès les premiers instants, le ton est pompeux, l'image exagérément grise et contrastée, faisant ressortir chaque décor et effet de synthèse dans des tons pastels, obscurs et granuleux. L'histoire elle aussi, colle parfaitement à cette ambiance, pas vraiment glauque mais sauvage, violente et épique à souhaits.

La vraie force de ce film finalement c'est son aspect hors normes qui l'a automatiquement fait entrer dans la légende, avec ses répliques archi cultes comme "THIS IS SPARTAAAAAAAAA" ou "Tonight we dine in Hell!" et la dégaine hirsute de Gerard Butler, lorsqu'il crie son épée levée, qui font le bonheur de tous les amateurs de mèmes d'Internet depuis 2006. En dehors de ça, le caractère atypique de l'image a bien évidemment fait parler de lui, et c'est donc un pari réussi pour le réalisateur qui a vraiment créé un buzz incroyable autour du film au moment de sa sortie, et plusieurs années après, celui ci marche plus ou moins, ravivant les passions au gré des images ça et là sur la toile et des passages télévisés.

Reconnaissons néanmoins que le film a des arguments pour être culte. Passé la réalisation onirique, la narration épique d'une grande bataille, et les répliques cultes il reste un film bien tourné, à l'immersion immédiate, aux spectacle grandiose, rythmé par des combats chorégraphiés à la milliseconde, et à l'interprétation réussie. Le fait est, il faut aimer.





Notation
  
Réalisation : 9/10
   
Certains verront que je me suis trompé et que le 6 est à l'envers, mais non non, c'est bien un 9. Il se justifie plus par l'originalité (et la réussite de cette prise de risque) et par l'ambiance créée que par un véritable souci du détail comme dans le cinéma plus traditionnel. Ce n'est certes pas les décorateurs qui ont le plus travaillé sur ce film, et filmer quasi intégralement une pellicule sur fond uni peut paraitre étrange, mais le résultat est là. Par ailleurs le soin a été mit sur les costumes en contre-partie. Un film à part, à l'identité visuelle très forte et à l'ambiance inimitable. Sur ce plan là, 300 est vraiment beau.
   
Son : 9/10
   
Épique jusque dans sa BO, 300 offre un montage sonore presque aussi audacieux que l'image peut l'être. Cavalcades de chevaux, narrateur à la voix rauque, fracas de métal... Tout y est pour renforcer l'ambiance visuelle par une ambiance sonore réussie.
    
Scénario : 7/10
   
Le scénario n'est pas franchement fouillé, mais il joue sur l'écriture nerveuse des scènes d'actions et l'enchainement de celles ci, et surtout, surtout, il capitalise sur les répliques cultes et les phrases choc genre des phrases choc. "Madness? THIS IS SPARTA!"
   
Interprétation : 8/10
   
Gerard Butler est très convaincant en Léonidas, là il n'y a pas de doute. On retrouve par ailleurs au casting la très royale Lena Headey, impeccable reine de Sparte, mais aussi Michael Fassbender parmi la bande des joyeux drilles musclés, ou encore David Wenham, célèbre pour un rôle tout aussi chevaleresque, celui de Faramir dans le Retour du Roi.
     
Note générale : 8,5/10

Pépite brute, ovni cinématographique, délire d'un réalisateur légèrement mégalo, 300 impressionne toujours pour son caractère "à part". D'un film qui aurai pu être une série B sans intérêt, Zack Snyder transforme le roman graphique de Frank Miller en fresque hallucinatoire grandiose qui vaut le détour pour à peu près tous les éléments qu'il propose. Certains seront réfractaires à cette graine de folie dans le ciné américain, tout le reste prendra une bonne grosse claque.





"Immortals... We put their name to the test"

4 juin 2012

Prometheus

Prometheus

Ridley Scott
2012

Film : Américain
Genre : Science Fiction Glaçante
Avec : Noomi Rapace, Michael Fassbender




Synopsis

Parce qu'elle et son compagnon ont trouvé chez de nombreuses civilisations un point commun convergent vers un système solaire à deux années lumières de la terre, le Dr Elizabeth Shaw embarque à bord du Prometheus à la recherche des "géants", ces êtres qui ont, d'après sa théorie, conçu l'humanité. Néanmoins dans cette expédition, chacun semble se préoccuper de sa propre quête, et leur planète de destination où des vestiges d'une ancienne civilisation les attendent, semble se refermer peu à peu sur l'équipage comme un piège mortel.

Avis

Ridley Scott en Science Fiction, c'est deux films. Deux films seulement. Alien, 1979, et Blade Runner, 1982 (et je vous engage à aller relire dardar mes précédentes chros sur ces deux monuments) Monumentaux, c'est vraiment peu dire d'ailleurs aux vues des hordes de fans qu'ils ont engendré. Pour soutenir la comparaison monumentale, c'est un peu comme l'Empire State et le Chrysler building, si vous préférez. Et en annonçant son grand retour à une fresque épique de science-fiction, indépendante, mais incluse dans l'univers Alien, sous forme de prequel, et possiblement en deux épisodes... On attendait avec grande impatiente ces tours jumelles, espérant qu'elle ne finissent pas par s'effondrer tragiquement.

Aujourd'hui, voici enfin sur nos écrans la première de cette possible duologie, Prometheus. Le film s'ouvre, peu à peu, comme une rose noire, passé le printemps. La tension monte en flèche pendant une bonne heure, les références à la saga Alien sont partout, des frissons parcourent mon échine. Les révélations promises sont bien au rendez-vous, ainsi que les décors Giger-like, si chers aux fans. C'est glauque, pesant, léché, et foutrement envoutant.

Haaa, nous voila rassuré, Ridley ne s'est pas raté. Mais s'est il sublimé comme lorsqu'il sort Blade Runner en 1982, certainement sa plus grande réussite encore à ce jour? Hmmm... Oui et non. Oui, ce film est la plus grosse claque de ciné de SF depuis bien longtemps, certains diront depuis Avatar, mais n'ayant pas accroché à 100%, je citerai plutôt le pilote de Battlestar Galactica ou des choses comme Matrix et le Cinquième Element, baffes visuelles et scénaristiques en leur temps. Et non, parceque ce Prometheus ne tient pas toutes les prome(téu)sses que les fans se sont imposés à eux même dans un esprit d'espoir illusoire créé par leur propre imaginaire. Disons, il est vrai, que certaines questions restent terriblement en suspens, et ma conscience m’empêche de divulguer lesquelles pour ne pas spoiler la moindre miette du scénario (même si je crains d'en avoir déjà trop dit). Il est bien tôt pour parler de suite, mais cela a déjà été évoqué plusieurs fois par Scott lui même, et je vois mal comment ne pas envisager un second opus pour boucler la boucle de manière bien plus définitive que par la fin ouverte pleine de promesses de "plus".

En réalité, la deuxième moitié du film est plus frustrante car elle s'amuse à brouiller les piste et lancer plus de perches dans tous les sens que de vraiment répondre aux questions qu'on se pose. Ce qui renforce vraiment le sentiment de "deuxième moitié de première moitié" d'un grand film aux origines de la saga Alien. Plus encore que ce premier Prometheus, sa suite quelle qu'elle soit va être attendue comme la représentation ultime du messie cinématographique sur terre.

Le gros tour de force de Ridley par ailleurs, est de rendre hommage d'une part à son propre film, le tout premier Alien, mais également aux Aliens suivants, et même à d'autres classiques du cinéma de science fiction et de l'horreur comme The Thing par exemple, tout en reprenant une thématique revisitée par nombre de films et de séries, Stargate pour ne citer qu'une des plus connues. De ce point de vue là, le réalisateur anglais ne s'est pas privé de jouer dans le fan service pour attiser encore plus la curiosité des légions de fans qui l'attendaient au tournant.

Mais le souci c'est qu'à trop faire dans le fan service, et c'est le cas pour la plupart des films orientés de cette manière, on risque de perdre les néophytes. Bien que vraiment dans une "mythologie" à part, pour reprendre les mots du réalisateur, et plutôt réussi sur son aspect indépendant de la saga Alien, on se demande néanmoins comment les "non-initiés" à l'univers peuvent réellement appréhender ce film. Il y a trop de références, de pistes à explorer pour assimiler le tout sans un certain "back-ground".

De plus le sentiment de ne pas voir la fin du film au terme des deux heures est une frustration extrême pour le spectateur. Un peu à la manière d'Harry Potter et les Reliques de la Mort partie 1, on a l'impression d'assister à un intermède qui fait encore plus baver les fans. Efficace pour la fidélisation, mais maladroit. Au final, il n'y a que peu de révélations dans cet opus, qui a parfois donné l'impression d'être un teaser géant pour la suite.

Et puis il y a les niveaux de lectures. Tout un complexe de messages cachés en couches. L'histoire, la reflection meta-physique sur l'histoire, les thèses explorées pour ces questions méta-physique... Et la curiosité du spectateur le pousse à plonger plus profond dans ces strates. Et comme souvent, plus il plonge, plus il creuse d'autres interprétations que le réalisateur lui même n'avait peut être pas anticipé. Si le film n'est pas à prendre avec un sérieux académique, ce qui exclut d'emblée les théoriciens et les coincés de l'oignon, il apporte néanmoins son lot de questionnement sur l'humanité et le futur, ce en quoi il est vraiment l'égal des deux autres films de SF de Ridley Scott.

J'ai donc conscience que ce film en perdra certains dans les méandres de l'imaginaire, car il va trop loin. Pour d'autres il n'ira pas assez loins et ceux ci détesterons être perdus au milieu. Et puis il y a ceux qui savent apprécier la beauté graphique obscure de fin du monde de ce film. Les fans d'Alien, de Giger, de cinéma de genre, et de seinen manga. Sombre et élégant, ce qui rappelle forcément le premier Alien, Prometheus malgré ses imperfections marque fort et signe avec un brio certain le retour de Ridley Scott aux ténèbres de la Science Fiction.




Notation

Réalisation : 9,5/10

A quelques détails près, le réalisateur manque la perfection. L'ensemble du film a une classe folle, les effets graphiques sont époustouflants, la 3D est l'une des mieux réussies de ces derniers temps, le montage est sombre et réussi, le style de Scott est inimitable, et c'est avec ravissement qu'on retrouve des décors amplis de la nostalgie du film de 1979, couloirs asseptisés dans le vaisseau, interieurs glauques et charnels dans l'ambiance biomécanique sur la planète, brume mystérieuse et références omniprésentes, alors où le bat blesse-t-il? Ces détails, le rythme de la fin du film, quelques pistes mal explorées dans la réalisation qui tournent plus à la confusion qu'à la science infuse, et ce féroce sentiment que Ridley est déjà tournée vers la suite au moment de conclure son film. 

Son : 9/10

La bande originale est à l'image du premier Alien. Elle créer un décalage imperceptible entre l'image, sombre et glacée, et ses égarements émerveillés. Mais elle passe bien, car emprunte de mystère et de danger latent. Les effets sonores quant à eux, sans atteindre la perfection du rythme glaçant d'Alien, le Huitième Passager, sont au niveau d'un film de cette ampleur.  

Scénario : 7,5/10

Dur, dur, dur de noter ce scénario. Dans un premier temps, je ne rentre pas dans la polémique de l'histoire narrée, qui aura ses défenseurs et ses détracteurs, et je me penche sur l'écriture du film. C'est un modèle de quasi perfection sur la première moitié du film. Tout est là. Le rythme lourd, la lente montée d'adrénaline lorsque le groupe pénètre dans la pyramide... Les répliques de David, le personnage de Miss Vickers, bref l'introduction progressive de l'univers Prometheus est une réussite splendide tant dans la réalisation que dans l'écriture. Et puis, de la même manière que la réalisation se délite, le scénario suit cet exemple (ou n'est-ce peut être pas plutôt l'inverse?) et devient plus flou, plus confus, mais aussi moins convaincant. Pas moins terrifiant, cet aspect est sauf, mais le film finit avec un boulevard pour la suite qui tend presque vers l'inachevé. C'est bien de savoir qu'il y aura un autre film, c'est juste dommage d'avoir terminé celui ci de manière si abrupte.  

Interprétation : 9/10

L'ensemble du casting mérite qu'on lui tire le chapeau. Mais il y en a 3 pour qui c'est d'autant plus vrai. Noomi Rapace, car c'est le rôle titre, est une excellente actrice, et réussir à rappeler Ripley sans la singer n'était pas gagné d'avance. Bravo #1. Michael Fassbender, David. Un androïde en apparence plus simple et moins torturé que ses prédecesseurs (mais chronologiquement parlant sa déscendence) mais est-ce vraiment le cas? Le rôle semble parfait pour lui, tant il rappelle et Ash et Bishop, avec son petit truc en plus. "The trick, Mister Potter, is not minding that it hurts!" Bravo #2. Enfin Charlize Theron, glaciale et envoutante, presque autant qu'un Alien. Elle réussi la performance d'être un personnage secondaire de premier plan tant elle respire la classe et le charisme. Si son personnage n'a finalement pas un rôle déterminant, elle sait le rendre indispensable. Bravo #3.

Note générale : 9/10

Cri du coeur, on va encore me repprocher de ne mettre que des bonnes notes, mais comment ne pas être charmé par ce Prometheus? Certes il n'atteind pas vraiment le niveau des précédentes réalisation de Ridley Scott en Science-Fiction, mais l'univers se dévoile finalement à peine, et à nos donner un os à ronger en attendant la suite, on ne peut que constater qu'il est tout de même particulièrement savoureux! Oh oui, Prometheus, je vais retourner te voir, te revoir et te revoir encore.




"Are you a robot?"