Silent Hill
Christophe Gans
2006
Film : Américano-Franco-Japonais
Genre : Adaptation d'horreur pure venue du jeu-vidéo
Synopsis
Sharon a beau vivre au milieu de la douce chaleur aimante d'une famille et d'une grande maison bercée de lumière, ses nuits sont émaillés d'atroces cauchemars et phases de somnambulisme qui convergent vers un point sur la carte: la ville morte de Silent Hill. Bravant le danger et l'interdit, Rose, la mère de Sharon prend le démon à bras le corps en décidant d'emmener la petite à Silent Hill pour découvrir la source de son malaise.
Avis
Qu'ils furent nombreux, et moi le premier, les fans du jeu, frappés d'effroi à l'annonce de l'adaptation de Silent Hill en film holywoodien. Silent Hill était tellement original dans le monde du survival, tellement imprégné de l'ambiance des yôkai et des contes folkloriques de l'horreur à la japonaise, qu'une version estampillée "USA approved" ne pouvait que signifier la mort du contenu. Silent Hill premier du nom, a été pour beaucoup, bien plus que Resident Evil ou Dino Crisis, LE survival par excellence à l'ambiance malsaine et épouvantable. Les références cinématographiques allaient tant vers le cinéma d'horreur japonais de Ring ou Ju-on que vers celui américain d'Amityville ou l'Exorciste. Piégé entre deux mondes, le héros était l'archétype du gars banal sans super pouvoir, qui s'essouffle rapidement, qui manie le tuyau de plomb avec autant de maladresse que son pistolet, et qui n'a rien d'une personne muée par un courage à toute épreuve.
Il y avait tant de paramètres, de détails malsains à prendre en compte si l'on puisait dans la saga de jeux vidéos, regorgeant à la fois de situations grotesques et macabres, entre la mise en scène cinématographique et vidéoludique, mais aussi de petites choses qui créaient l'ambiance. Là encore c'était le maitre mot. Et la crainte qui transparaissait était là: peut-on avoir l'ambiance des jeux au cinéma?
En réalité, dés les premières minutes du film on a notre réponse. D'une joyeuse fin d'après-midi chaude et ensoleillée, on passe à une nuit pluvieuse pleine de danger. La musique d'Akira Yamaoka est là elle aussi. Ce génie de la musique et des effets sonores qui a donné ses lettres de noblesse à la saga vidéoludique est encore de la partie et alterne entre mélodies douces et mélancoliques, et passages de bruits sombres. Et le film va crescendo jusqu'à atteindre la ville de Silent Hill où l'on retrouve le début du premier jeu. Même brouillard, mêmes angles de caméra, même histoire, jusqu'au retentissement de la sirène...
Jamais je n'avais été aussi bluffé que lorsque Rose, alter-ego de Harry descend cet escalier dans la ruelle, comme on prendrait celui pour une cave humide, antichambre infernale. Car tout est là! Le style graphique, les bruits, les émotions de l'héroïne faisant écho à celle d'Harry et du joueur lorsqu'il découvrait pour la première fois ce jeu si terrifiant.
Mais le risque, au delà de la réussite graphique fidèle à l'univers, était de n'avoir que ça, ou alors un réchauffé du premier jeu sans innovation majeure. Heureusement, le film s'appuie également sur des réussites de type cinématographique : réalisation prenante, acteurs convaincants et effets spéciaux particulièrement réussis, qui en font une œuvre complète du cinéma d'horreur.
Notation
Réalisation : 9/10
Graphiquement, Silent Hill est un régal pour les yeux. C'était le point fort du jeu, l'ambiance est ici retranscrite à la perfection. Les décors, qu'ils soient dans le monde brumeux ou dans le monde alternatif fait de sang et de rouille, sont à couper le souffle. La galerie de monstres tout droit tirés des épisodes sur console est parfaitement réalisée, d'autant qu'il s'agit de costumes et non d'images de synthèse, renforçant avec une grande efficacité le réalisme et la terreur qu'ils inspirent. Ajouté à cela un œil de Christophe Gans très adroit, on obtient un film au top du cinéma d'horreur pour ce qui est du milieu des années 2000.
Son : 9/10
Akira Yamaoka fait des merveilles. Sa musique, emblématique de la saga a une personnalité inimitable, et c'est avec une grande délectation qu'elle nous accompagne tout le film. Par ailleurs, son génie du bruitage et des ambiances sonores, sachant parfaitement se coupler à sa musique inquiétante si besoin est, donne le sentiment d'oppression qui créait l'immersion indispensable aux jeux, et qui par conséquent implique le spectateur dans le film d'une manière rarement atteinte dans ce genre de productions.
Scénario : 7/10
Plus ou moins calqué sur le tout premier jeu, sorti en 1999, l'histoire prend certaines libertés et tout en évoquant la tragique histoire d'Alessa Gillespie, elle incorpore une vision légèrement différente du premier jeu, avec des idées nouvelles et bien amenées. Néanmoins, est-ce parce que l'histoire est déjà connue des fans de la série, ou parce qu'elle n'apporte que relativement peu par rapport à celle des jeux, que le scénario n'est pas du niveau des 2 premières aventures? En réalité très subjectif quant à son scénario, l'apport qu'il donnera dépendra de la sensibilité du cinéphile et du ludophile par rapport aux thèmes abordés et au degré d'adaptation du scénario original, sans que cela pâtisse à la qualité global de l'histoire.
Interprétation : 8/10
Le jeu d'acteur peut parfois se montrer inégal dans certains films. Sans réelle star, à part peut être Sean Bean dont le rôle de père ne participant pas directement à l'aventure que vit sa femme (comme une sorte d'anti-héros désabusé qui est là sans pouvoir l'être) lui donne énormément de classe, ce qui, il faut l'avouer finit par sembler inné chez lui, le film se base sur un casting de figures charismatiques qu'on a "déjà vu quelque part". La petite Jodelle Ferland, qui joue plusieurs rôles est bluffante, tant en Sharon qu'en Dark Alessa. Enfin, les quatre personnages féminins au centre de l'histoire: Rose, Cybil, Dhalia et Christabella sont interprétés avec force, mais on peut peut-être juste leur reprocher de ne pas crever l'écran en tant que personnages centraux. Un dernier mot aussi sur le casting de danseurs professionnels qui interprètent les monstres, car leur travail est l'une des raisons majeure qui ont fait le succès du film : complètement inquiétant, les chorégraphies des monstres sont aussi étudiées que dans les jeux, et contribuent à 200% à leur physique inquiétante.
Note générale : 9/10
"Many different forms of Justice, Chris. See, you got Man's, God's and even the Devil's. Certain forms you just can't control."