Insidious
James Wan
2010
Film : Américian
Genre : Film d'horreur/épouvante pur jus
Synopsis
Encore en plein emménagement, Josh et Renai sa femme, ainsi que leurs deux fils et leur fille encore bébé tentent de s'adapter à la nouvelle maison qu'ils viennent d'acheter. Après une mauvaise chute dans le grenier, Dalton, leur fils ainé s'endort un soir, pour ne plus se réveiller. Il semble être tombé dans le coma, et les médecins ne parviennent pas à en déterminer la cause, puisqu'il ne présente aucun traumatisme. Après quelques mois, Les deux parents optent pour une hospitalisation à domicile afin d'être là si leur fils venait à se réveiller. Mais dans la maison, des phénomènes de plus en plus étranges, des ombres, des bruits incongrus et des voix émaillent les journées de Renai quand Josh au contraire, préfère fuir l'atmosphère familiale pesante en s'enfermant dans son travail, sourd aux appels à l'aide de sa femme.
Avis
Dans les années 2000, alors qu'on pensait le genre du film d'horreur assez essoufflé, un film, Le Projet Blair Witch pour ne pas le nommer, instaure une petite révolution dans la manière de faire des films d'horreur. Le concept : les found footages . L'idée c'est de faire comme si un évènement réel surnaturel, ou en tout cas étrange et flippant avait été capturé sur vidéo avant que leurs auteurs ne disparaissent mystérieusement, et que les bandes ne soient retrouvées que bien plus tard. Bien sûr le concept en tant que tel n'était pas nouveau, on peut remonter à Cannibal Hollocaust pour trouver une idée similaire, mais dans la pratique, une toute nouvelle vague de films a débarqué sur ce principe : si c'est mal cadré et que ça bouge de partout, ça fait "vrai" donc c'est plus immersif donc c'est plus flippant. Meilleur exemple de cette idée? Cloverfield. Soit.
Autre tendance dure pas particulièrement nouvelle non plus mais expressément emblématique de cette décennie, le gore à outrance, la torture aussi bien psychique que physique imposée explicitement face caméra, illustrée à travers des sagas comme Hostel, La Colline a des yeux, et bien évidemment la longue (trop longue?) saga Saw. Jigsaw et à travers lui ses créateurs on su imposer une mécanique implacable. Un ton crasseux, et du gore, du gore, du gore mâtiné de philosophie de comptoir. Mais je m'égare.
Alors pourquoi une telle digression? Et bien parce que les années 2010 ont commencé pour les amateurs de films d'horreur par une habitude un peu curieuse sur les affiches des films d'épouvante. La référence systématique à deux sagas incarnant à elles seules la quintessence de ces deux genre évoqué précédemment. C'est bien simple, il n'y a pas un film qui sorte actuellement sur l'affiche duquel on ne puisse lire "par les créateurs de Saw et Paranormal Activity" ou bien "Par les producteurs de Paranormal Activity et le réalisateur de Saw" etc. Le problème, c'est que faire référence de manière aussi éhontée à tous les produits estampillés horreur, c'est noyer le poisson, car, il est absolument nécessaire de faire la part des choses.
Sans entrer dans le détail de la critique, ce n'est pas l'objet ici, le premier Saw est un très bon thriller gore et glauque, avec un scénario qui casse peut être pas trois pattes à un canard, mais qui a le mérite de tenir son public en halaine jusqu'au bout. Et puis Il introduit un méchant absolument génial, le terrifiant Jigsaw et son "Je veux jouer un jeu". Et comme à Hollywood, une formule a succès est l'occasion de se faire un max de pognon, les films se sont enchainé à un an d’intervalle, la qualité régressant de film en film. Paranormal Activity, lui, sur le principe des "found footages" raconte lui une banale histoire de fantôme, où on ne voit pas grand chose. Se déroulant la nuit principalement en caméra fixe et infrarouge, il a fait le buzz grace à sa bande annonce bien virale (limite elle est meilleure que le film en fait) et a lui aussi eu droit à un tas de suites tout aussi ratées.
Lorsque je vois donc "Par les créateurs de Saw et Paranormal Activity" sur l'affiche bien creepy de cet Insidious, je commence dans un premier temps par me méfier. Et puis vient le moment où je le vois au cinéma, dans une salle comble, remplie de jeunes, pas mal de filles aussi, bien au taquet pour se faire des sueurs froide. Il faut avouer que la simple apparition soudaine du titre du film, dans un vacarme de violons stridents suffit déjà à faire sursauter les plus déconcentré(e)s du public, certainement pas préparé(e)s à une telle entrée en matière. Un sourire passe sur le coin de mes lèvre, peut être que je me suis finalement trompés, et que les créateurs susnommés sur l'affiche ne sont finalement pas les moins doués du lot.
D'un prime abord, l'histoire d'Insidious parait terriblement banale. "Bouhou, une bête histoire de maison hantée, des chuchotements, un espèce de macchabée qui fait les cent pas dans le jardin, l'air de rien, tout un tas de trucs inexplicables. Alors ça ne commence pas d'une manière très originale, mais malgré tout, on sent un ton particulier. Plutôt que de nous donner une ombre menaçante dans le coin droit de l'écran pendant une demie seconde, comme le plus souvent dans ce type de film, James Wan s'attarde de manière insidieuse sur ses détails horrifiques. Ici Renai au détour d'un couloir passe à côté d'un petit garçon sans le remarquer. Petit garçon qui n'a absolument rien à faire là, et que tout le monde a vu très distinctement en se demandant "Hé! Attends! C'était quoi ça?" jusqu'à ce qu'il surgisse comme un diablotin dans le dos de quelqu'un d'autre, ou fac similae.
Et puis, lorsqu'on pense voir venir le truc gros comme une maison, l'ambiance change. Fini l'atmosphère lugubre de maison hantée, on se retrouve dans un décor bien plus convivial, et pourtant tellement plus inquiétant. Sans compter que la manière d'amener l'effroi se veut encore une fois plus surprenante. La mécanique est toujours la même, faire monter la pression, qu'on se prépare à une image effrayante, et quand on croit pouvoir se relacher, BAM elle surgit où on s'y attendait le moins. Comme un twist supplémentaire, le rythme change lui aussi. Une touche d'humour vient créer un décalage total avec la première moitié du film, prenant le contre-pied total de ce à quoi on s'attendait, et c'est dans une sorte de crescendo à contre sens que le film se termine, sur un dernier changement de ton.
Et c'est par ce bout là qu'Insidious, comme son nom l'indique, retourne la tête des spectateurs. Sa narration n'est pas une pente descendante vers un abime de mauvais goût, ou une escalade vertigineuse vers des sommets de non-sens nanard. James Wan concocte dans son film une province vallonnée et verdoyante pleine de collines d'effrois, de forêts d'apparitions et de lacs couleurs noir d'encre. Sa force, c'est de dépeindre un paysage riche et hétéroclite de l'horreur au cinéma. Il puise dans des tas de genres et de références. Un couloir ayant un petit quelque chose de Shining, un grenier à la Beetlejuice, un peu d'Exorciste, un peu de Poltergeist, un peu de Ghostbusters...
Tout ça condensé dans une sorte de film de fantômes ultime. Insidious parle forcément aux fans absolus du cinéma d'horreur, mais attention, cela ne veut pas dire qu'il soit élitiste ou trop peu original. On retrouve malgré tout la patte du réalisateur et de son compère Leigh Whannell dans l'écriture du scénario. Tortueux, ficelé de manière à toujours brouiller les pistes, sans en rajouter dans les explications zabracadabrantesques qu'on retrouve trop souvent à la fin des films d'horreurs, l'histoire est au service de la peur, sans en être un prétexte, ni un fardeau.
La peur, parlons on justement. Le but d'un film d'épouvante, c'est créer un sentiment de peur et de malaise au spectateur, avide de sensations fortes. Comme je le disais en introduction, la mode du found footage base la peur sur un principe simple "et si c'était vrai, parce que ça ressemble à des images réelles tournées par des quidams", le problème étant qu'après Blair Witch, l'effet de surprise est passé et que cette technique éventée ne fait plus peur qu'aux plus sensibles. Quant au gore, puisque c'est l'autre tendance, elle, ne repose pas sur un sentiment d'effroi mais sur une forme de dégout et de mal-être de l'exhibition de sang, membres coupés, séances de torture etc. Et puis il y a les films usant et abusant du "diablotin qui sort de sa boite". Une image menaçante apparaissant soudainement, accompagnée d'un bruit puissant et aigüe, provoquant indéniablement un sursaut du cinéphile concentré.
Ce bon vieux truc, ça marche toujours, même dans les films d'aventure comme Jurassic Park, ou les thrillers basiques, mais il faut un peu plus à un film d'horreur pour espérer engendrer ce sentiment de peur qui fait se dresser les poils de la nuque et courir quelques frissons le long de l'échine. Insidious est plutôt doué là dessus. Et il y parvient grâce à une alchimie parfaite entre écriture et ambiance du cinéaste. Toujours là où on ne l'attend pas, le scenario est porté par cette atmosphère irréelle définitivement originale (même malgré les références) et son ton unique dans la manière d'aborder chaque scène. L'imprévisibilité, le décalage, et la maitrise portent ce film bourré de qualités pour un résultat sans appel : sans être le film le plus terrifiant de la décennie, Insidious réussi là ou 90% des films d'horreur échouent habituellement : faire peur au public le plus sceptique et indifférent possible.
Réalisation : 8,5/10
Certes, James Wan n'est pas le réalisateur le plus talentueux d'Hollywood. Et pourtant. Sa façon de créer son ambiance, ses angles de caméra audacieux, ses décors, en un mot, son sens de la direction artistique font des merveilles dans un film d'horreur. Car comme je viens de le faire remarquer, l'ambiance est essentielle dans un film qui veut faire peur. Si vous pensez qu'il suffit de plonger votre caméra dans le noir complet pour réussir votre histoire effrayante, regardez le choix de ses couleurs. Des teintes vert sale, un violet prune, un vieil ocre passé, le tout dans une brume grise vaporeuse ou sous un soleil froid. Insidious est une œuvre d'art du genre.
Son : 8/10
L'ambiance sonore, tout aussi importante que l'ambiance visuelle est servie par des effets pas spécialement nouveaux mais bigrement efficace. Le son d'un vieux phonograhe et une musique effroyablement désuette comme sorte de BO du monde de l'effroi, des voix dans le babyphone, des violents inquiétants pour l'ambiance générale et une musique lancinante pour les séquences plus douces. Classique, mais efficace.
Scénario : 9/10
Sur le papier, le scénario n'a rien d'extraordinaire. Et c'est bien parce que c'est la principale difficulté dans un film d'horreur que la note est aussi élevée. Le film réussi à éviter l'accumulation de scènes clichées qui sont là simplement pour dire "ok, votre maison est hantée", mais s'il ne les évite pas toute, chacune prend place dans une mécanique servant à faire comprendre de quoi il retourne, et on évite aussi l'effet bateau avant le dernier tiers du film "oui, il y avait un cimetière indien avant et blablabla blablabla" qui plombe toujours la tension dramatique et l'effet terrifiant du mystère. Non, ici, même servis par une explication qui vaut ce qu'elle vaut, on n'est pour autant pas tirés d'affaire car les bonnes surprises scénaristiques s'enchainent jusqu'au dernier instant.
Interprétation : 7/10
Que tu es jolie, Rose Byrne. La demoiselle joue sur sa fragilité sans en rajouter. Elle campe une mère on ne peut plus normale, empreinte de sensibilité et d'amour maternel. Patrick Wilson, un peu moins expressif réussi malgré tout a bien faire passer le malaise de son personnage, même si jamais la colère, la peur ou le désespoir ne semblent vraiment l'atteindre. Le reste du casting est sur mesure, juste ce qu'il faut par rapport à leur personnage. Petite mention spéciale à Ty Simpkins qui est plutôt doué comme gamin, même si son rôle consiste une bonne partie du film à jouer le légume dans son lit.
Note Générale : 8/10
En 2011, Insidious a été ma bonne surprise. En deux ans et quelques visionnages supplémentaires, il reste à mon sens le film d'épouvante le plus réussi de ses 10 dernières années. A la fois très simple et très original, il mène son public par le bout du nez dans des directions contradictoires, des ambiances surprenantes, et une frousse bien construite. Si seulement tous les films vantant une parenté à Saw ou Paranormal activity étaient aussi bien...
Et c'est par ce bout là qu'Insidious, comme son nom l'indique, retourne la tête des spectateurs. Sa narration n'est pas une pente descendante vers un abime de mauvais goût, ou une escalade vertigineuse vers des sommets de non-sens nanard. James Wan concocte dans son film une province vallonnée et verdoyante pleine de collines d'effrois, de forêts d'apparitions et de lacs couleurs noir d'encre. Sa force, c'est de dépeindre un paysage riche et hétéroclite de l'horreur au cinéma. Il puise dans des tas de genres et de références. Un couloir ayant un petit quelque chose de Shining, un grenier à la Beetlejuice, un peu d'Exorciste, un peu de Poltergeist, un peu de Ghostbusters...
Tout ça condensé dans une sorte de film de fantômes ultime. Insidious parle forcément aux fans absolus du cinéma d'horreur, mais attention, cela ne veut pas dire qu'il soit élitiste ou trop peu original. On retrouve malgré tout la patte du réalisateur et de son compère Leigh Whannell dans l'écriture du scénario. Tortueux, ficelé de manière à toujours brouiller les pistes, sans en rajouter dans les explications zabracadabrantesques qu'on retrouve trop souvent à la fin des films d'horreurs, l'histoire est au service de la peur, sans en être un prétexte, ni un fardeau.
La peur, parlons on justement. Le but d'un film d'épouvante, c'est créer un sentiment de peur et de malaise au spectateur, avide de sensations fortes. Comme je le disais en introduction, la mode du found footage base la peur sur un principe simple "et si c'était vrai, parce que ça ressemble à des images réelles tournées par des quidams", le problème étant qu'après Blair Witch, l'effet de surprise est passé et que cette technique éventée ne fait plus peur qu'aux plus sensibles. Quant au gore, puisque c'est l'autre tendance, elle, ne repose pas sur un sentiment d'effroi mais sur une forme de dégout et de mal-être de l'exhibition de sang, membres coupés, séances de torture etc. Et puis il y a les films usant et abusant du "diablotin qui sort de sa boite". Une image menaçante apparaissant soudainement, accompagnée d'un bruit puissant et aigüe, provoquant indéniablement un sursaut du cinéphile concentré.
Ce bon vieux truc, ça marche toujours, même dans les films d'aventure comme Jurassic Park, ou les thrillers basiques, mais il faut un peu plus à un film d'horreur pour espérer engendrer ce sentiment de peur qui fait se dresser les poils de la nuque et courir quelques frissons le long de l'échine. Insidious est plutôt doué là dessus. Et il y parvient grâce à une alchimie parfaite entre écriture et ambiance du cinéaste. Toujours là où on ne l'attend pas, le scenario est porté par cette atmosphère irréelle définitivement originale (même malgré les références) et son ton unique dans la manière d'aborder chaque scène. L'imprévisibilité, le décalage, et la maitrise portent ce film bourré de qualités pour un résultat sans appel : sans être le film le plus terrifiant de la décennie, Insidious réussi là ou 90% des films d'horreur échouent habituellement : faire peur au public le plus sceptique et indifférent possible.
Notation
Réalisation : 8,5/10
Certes, James Wan n'est pas le réalisateur le plus talentueux d'Hollywood. Et pourtant. Sa façon de créer son ambiance, ses angles de caméra audacieux, ses décors, en un mot, son sens de la direction artistique font des merveilles dans un film d'horreur. Car comme je viens de le faire remarquer, l'ambiance est essentielle dans un film qui veut faire peur. Si vous pensez qu'il suffit de plonger votre caméra dans le noir complet pour réussir votre histoire effrayante, regardez le choix de ses couleurs. Des teintes vert sale, un violet prune, un vieil ocre passé, le tout dans une brume grise vaporeuse ou sous un soleil froid. Insidious est une œuvre d'art du genre.
Son : 8/10
L'ambiance sonore, tout aussi importante que l'ambiance visuelle est servie par des effets pas spécialement nouveaux mais bigrement efficace. Le son d'un vieux phonograhe et une musique effroyablement désuette comme sorte de BO du monde de l'effroi, des voix dans le babyphone, des violents inquiétants pour l'ambiance générale et une musique lancinante pour les séquences plus douces. Classique, mais efficace.
Scénario : 9/10
Sur le papier, le scénario n'a rien d'extraordinaire. Et c'est bien parce que c'est la principale difficulté dans un film d'horreur que la note est aussi élevée. Le film réussi à éviter l'accumulation de scènes clichées qui sont là simplement pour dire "ok, votre maison est hantée", mais s'il ne les évite pas toute, chacune prend place dans une mécanique servant à faire comprendre de quoi il retourne, et on évite aussi l'effet bateau avant le dernier tiers du film "oui, il y avait un cimetière indien avant et blablabla blablabla" qui plombe toujours la tension dramatique et l'effet terrifiant du mystère. Non, ici, même servis par une explication qui vaut ce qu'elle vaut, on n'est pour autant pas tirés d'affaire car les bonnes surprises scénaristiques s'enchainent jusqu'au dernier instant.
Interprétation : 7/10
Que tu es jolie, Rose Byrne. La demoiselle joue sur sa fragilité sans en rajouter. Elle campe une mère on ne peut plus normale, empreinte de sensibilité et d'amour maternel. Patrick Wilson, un peu moins expressif réussi malgré tout a bien faire passer le malaise de son personnage, même si jamais la colère, la peur ou le désespoir ne semblent vraiment l'atteindre. Le reste du casting est sur mesure, juste ce qu'il faut par rapport à leur personnage. Petite mention spéciale à Ty Simpkins qui est plutôt doué comme gamin, même si son rôle consiste une bonne partie du film à jouer le légume dans son lit.
Note Générale : 8/10
En 2011, Insidious a été ma bonne surprise. En deux ans et quelques visionnages supplémentaires, il reste à mon sens le film d'épouvante le plus réussi de ses 10 dernières années. A la fois très simple et très original, il mène son public par le bout du nez dans des directions contradictoires, des ambiances surprenantes, et une frousse bien construite. Si seulement tous les films vantant une parenté à Saw ou Paranormal activity étaient aussi bien...
"I went into Dalton's room,there was something in here with him. It was standing there in the corner. I asked it 'who are you?' and it said it was a visitor. I said 'what do you want?' It said 'Dalton' I can still hear that voice..."
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