Watchmen
Les Gardiens
Zack Snyder
2009
Film : Anglo-Américain
Genre : Film de super-héros déglingos saupoudré d'uchronie pré-apocalyptique
Avec : Patrick Wilson, Malin Ackerman
Synopsis
Ce lugubre mois d'Octobre 1985, commence par la mort d'un Comédien. Le Comédien. Depuis la dissolution en 1977 par le président des Watchmen, groupe de super-héros masqués luttant contre le crime, il travaillait pour le gouvernement de Nixon, ce qui laisse certains penser qu'il pourrait s'agir d'un meurtre politique. Rorschach, seul masqué à avoir refusé cette retraite anticipé, voit plutôt cela comme le signe qu'un mystérieux assassin s'en prend méthodiquement aux héros de la lutte contre le crime. Il est vrai que les Minutemen créés dans les années 30 ont, depuis qu'ils ont laissé le flambeau aux Gardiens, eu une trajectoire plutôt tragique dans l'ensemble et il n'en reste plus beaucoup à pouvoir témoigner de l'âge d'or des super-héros. Et alors que la guerre nucléaire entre les deux blocs menace plus que jamais, le Dr Manhattan mi-homme, mi-arme de destruction massive et bouclier antinucléaire au teint bleuté s'éloigne de plus en plus de la réalité de l'Humanité, poussant les autres Watchmen à reprendre du service pour lutter contre le crime tant qu'essayer de sauver la planète de la destruction totale.
Avis
Le comic book de Watchmen est un classique de DC Comics, au même titre que Batman ou Superman. Une œuvre extrêmement riche et débordante d'imagination, avec un univers uchronique savoureusement politiquement incorrect. Mais voilà. Sa trame narrative décousue a longtemps dissuadé un quelconque réalisateur de l'adapter. Ce n'est pas comme Batman où il suffit de piocher dans le sac des super-vilains, et ficeler une histoire autour de ça. Watchmen est un roman illustré. C'est une histoire profonde et particulièrement intéressante.
Mais à œuvre cultissime, le danger de l'adaptation est d'autant plus grand. Les films de super héros ont la cote depuis une bonne grosse dizaine d'années, en particulier grâce à Marvel qui a réalisé d'excellentes productions telles Spiderman, X Men, Iron Man, récemment les Avengers etc. DC n'était pas en reste avec le renouveau des Batman, et un nouveau Superman qui n'a pas forcément marqué les esprits même s'il était plutôt réussi. Du coup quand Zack Snyder annonce s'occuper de Watchmen, bon nombre de fan ont levé le sourcil.
Il faut dire que Zack Snyder a réalisé un film qui l'a fait entrer dans la légende. Plutôt trois cents fois qu'une même. Son style, si particulier semblait correspondre aux attentes à la fois des fans et des producteurs qui lui ont fait confiance, après que plusieurs projets d'adaptations aient été abandonnés.
Le résultat a un mérite, celui de ne pas laisser indifférent. Si les premières secondes laissent craindre un film avec une nouvelle fois bien trop d'images de synthèses, de ralentis et de combats chorégraphiés à l'excès, le sublime générique, et la pression retombant après coup nous libèrent de ces craintes. Le fait est que c'est très bien. Les décors sont glauques à soit, les personnages parfaitement réussis, et l'ambiance années 80 alternatives est vraiment au rendez-vous.
Mais alors que le film suit, je l'ai vu après avoir lu le comic, quasiment scène pour scène le roman illustré, le cinéphile commence à se demander où le réalisateur veut en venir. Certes, il doit introduire ses personnages, et au début ce n'est vraiment pas facile. D'abord il y a les héros des années 40, puis ceux des années 70, puis il faut comprendre qu'ils sont à la retraite...
Snyder nous laisse le temps de digérer son ambiance, et, à la manière de ces choses bonnes pour nous mais qui nous embêtes, comme un médicament amer, le film traine sur la longueur sur près des deux premiers tiers. Sur 2h40, c'est long!
Mais le fait est que le comic book est exactement sur ce format là. Durant plus de la moitié du roman, chaque chapitre est consacré à un des Watchmen, et l'intrigue peine à s'installer. Snyder a, et c'est preuve d'audace, décidé de coller strictement au comic, et se retrouve par conséquent avec les qualités de ses défauts.
En dehors de cela, il faut bien admettre, que même s'il adore en mettre plein la vue, le réalisateur sait ce qu'il fait. Le travail de la caméra est très soigné, celui des effets spéciaux l'est encore plus, comme d'habitude, et c'est surtout le talent avec lequel il insuffle une ambiance absolument identique à celle des années 80, mais en encore plus amplifiée par la réécriture de l'histoire, qu'on se croirait presque à l'aube d'une guerre nucléaire.
Par ailleurs, sans revenir sur l'écriture du comic, qui, elle, mérite certainement ses propres louanges, on est bluffé par la façon dont Snyder rend chacun de ses héros très humains. C'est l'attrait de Watchmen par rapport à un Super-man ou un X men. En dehors du Dr Manhattan, incarnation du méga-héros omnipotent sans défaut, si parfait qu'aucun autre auteur n'avait osé aller si loin dans les supers pouvoirs (mais sans le priver de ses propres défauts malgré tout) aucun autre Watchmen n'a de supers pouvoirs. Des gadgets, des réflexes et une force physique bien extraordinaire, certes, mais pas d'yeux laser, pas de griffes en adamantium, pas de pouvoirs divins etc.
Rongés par la bassesse de l'humanité, le film montre bien à quel point même les supers héros sont tarés au sens propre. Psychopathes, névrosés, ambivalents et mégalomanes à l'extrême, chacun est un panel de folie et un représentant grotesque de la lie de l'humanité, à commencer par le plus significatif d'entre eux, Rorschach.
Un soin tout particulier a été apporté à ce personnage si ancré dans la controverse et dans l'excès. C'est le sens encore en activité au début du film alors que tous les autres sont à la retraite, c'est le seul dont on ignore l'identité dès les premiers instants du film, et, sans avoir centré le film autour de lui, ce qui d'une part n'aurai pas été fidèle au comic, et d'autre part aurai été une erreur, c'est lui qui porte une bonne partie du film, la première notamment, si difficile à suivre, sur les épaules de son imper élimé.
Lorsque l'histoire s'emballe, que l'intrigue évoquée dans les débuts du film se dévoile, alors la fuite en avant est plus classique, et on assiste à un final de super héros, avec le super-vilain très vilain, et les héros cherchant à sauver la veuve et l'orphelin, bien que, rongés par leurs faiblesses, créant la dose de supsens indispensable à un final de cette nature.
Au final, en dehors d'une première grosse moitié, Watchmen passe avec beaucoup de facilité, et je recommande aux amateurs de se pencher sur le comique auquel la qualité du film doit beaucoup de par sa fidélité. Et pour ceux qui n'ont pas vu le film, je le conseille lui aussi avec pas mal d'enthousiasme, même s'il faut savoir faire la part des choses face à une pellicule aussi complexe.
Le résultat a un mérite, celui de ne pas laisser indifférent. Si les premières secondes laissent craindre un film avec une nouvelle fois bien trop d'images de synthèses, de ralentis et de combats chorégraphiés à l'excès, le sublime générique, et la pression retombant après coup nous libèrent de ces craintes. Le fait est que c'est très bien. Les décors sont glauques à soit, les personnages parfaitement réussis, et l'ambiance années 80 alternatives est vraiment au rendez-vous.
Mais alors que le film suit, je l'ai vu après avoir lu le comic, quasiment scène pour scène le roman illustré, le cinéphile commence à se demander où le réalisateur veut en venir. Certes, il doit introduire ses personnages, et au début ce n'est vraiment pas facile. D'abord il y a les héros des années 40, puis ceux des années 70, puis il faut comprendre qu'ils sont à la retraite...
Snyder nous laisse le temps de digérer son ambiance, et, à la manière de ces choses bonnes pour nous mais qui nous embêtes, comme un médicament amer, le film traine sur la longueur sur près des deux premiers tiers. Sur 2h40, c'est long!
Mais le fait est que le comic book est exactement sur ce format là. Durant plus de la moitié du roman, chaque chapitre est consacré à un des Watchmen, et l'intrigue peine à s'installer. Snyder a, et c'est preuve d'audace, décidé de coller strictement au comic, et se retrouve par conséquent avec les qualités de ses défauts.
En dehors de cela, il faut bien admettre, que même s'il adore en mettre plein la vue, le réalisateur sait ce qu'il fait. Le travail de la caméra est très soigné, celui des effets spéciaux l'est encore plus, comme d'habitude, et c'est surtout le talent avec lequel il insuffle une ambiance absolument identique à celle des années 80, mais en encore plus amplifiée par la réécriture de l'histoire, qu'on se croirait presque à l'aube d'une guerre nucléaire.
Par ailleurs, sans revenir sur l'écriture du comic, qui, elle, mérite certainement ses propres louanges, on est bluffé par la façon dont Snyder rend chacun de ses héros très humains. C'est l'attrait de Watchmen par rapport à un Super-man ou un X men. En dehors du Dr Manhattan, incarnation du méga-héros omnipotent sans défaut, si parfait qu'aucun autre auteur n'avait osé aller si loin dans les supers pouvoirs (mais sans le priver de ses propres défauts malgré tout) aucun autre Watchmen n'a de supers pouvoirs. Des gadgets, des réflexes et une force physique bien extraordinaire, certes, mais pas d'yeux laser, pas de griffes en adamantium, pas de pouvoirs divins etc.
Rongés par la bassesse de l'humanité, le film montre bien à quel point même les supers héros sont tarés au sens propre. Psychopathes, névrosés, ambivalents et mégalomanes à l'extrême, chacun est un panel de folie et un représentant grotesque de la lie de l'humanité, à commencer par le plus significatif d'entre eux, Rorschach.
Un soin tout particulier a été apporté à ce personnage si ancré dans la controverse et dans l'excès. C'est le sens encore en activité au début du film alors que tous les autres sont à la retraite, c'est le seul dont on ignore l'identité dès les premiers instants du film, et, sans avoir centré le film autour de lui, ce qui d'une part n'aurai pas été fidèle au comic, et d'autre part aurai été une erreur, c'est lui qui porte une bonne partie du film, la première notamment, si difficile à suivre, sur les épaules de son imper élimé.
Lorsque l'histoire s'emballe, que l'intrigue évoquée dans les débuts du film se dévoile, alors la fuite en avant est plus classique, et on assiste à un final de super héros, avec le super-vilain très vilain, et les héros cherchant à sauver la veuve et l'orphelin, bien que, rongés par leurs faiblesses, créant la dose de supsens indispensable à un final de cette nature.
Au final, en dehors d'une première grosse moitié, Watchmen passe avec beaucoup de facilité, et je recommande aux amateurs de se pencher sur le comique auquel la qualité du film doit beaucoup de par sa fidélité. Et pour ceux qui n'ont pas vu le film, je le conseille lui aussi avec pas mal d'enthousiasme, même s'il faut savoir faire la part des choses face à une pellicule aussi complexe.
Notation
Réalisation : 8/10
Zack Snyder est un surdoué des effets visuels. Il laisse à chacun de ses films son empreinte visuelle, et Watchmen annonce la couleur dès la scène d'introduction, et son somptueux générique qui suit immédiatement celle ci. Couleurs sépias sombres, jeux de lumières et de contrastes, le réalisateur joue volontiers avec les couleurs criardes du comic original, mais en les passant systématiquement dans un tourbillon de crasse et de poussière de charbon. Le résultat est saisissant. L'univers est glauque à souhaits malgré certains tons pastels et l'ambiance de crépuscule de l'Humanité est permanente. Première grande réussite! Dans ses cadrages, dans la symétrie des plans, dans l'utilisation du champ/hors-champ Snyder s'amuse aussi énormément pour marquer comme à son habitude le film. Sauf que. Sauf que à vouloir trop en faire, Snyder semble avoir une sorte de réflexe du débutant surdoué qui étale trop sa science. Les scènes d'actions sont entrecoupées de ralentis d'un effet douteux. Certes, depuis 300 c'est sa marque de fabrique, mais le résultat énerve plus souvent. Heureusement ces scènes ne sont pas trop nombreuses. De plus, le mélange si particulier à Snyder d'images de synthèse dans le décor ou dans les accessoires trouble un peu au début, mais on s'y fait. A mon sens, Snyder manque de la maturité nécessaire à affirmer son style, mais le résultat est malgré tout très plaisant.
Son : 9/10
L'Histoire de Watchmen s'inscrit, comme celle de beaucoup de comics par ailleurs, dans une époque. Celle de la guerre froide. L'histoire, en détournant la réalité historique de tous les événements des années 60 et 70 s'accapare également la bande son fidèle à cette double décennie, et ce sont Bob Dylan, Jimi Hendrix ou encore Simon & Garfunkel qui accompagnent les héros dégénérés de Watchmen. Pas grand chose à redire non plus sur les bruitages, bien qu'ils débordent parfois dans le bruitage de série B sur certains combats, mais c'est aussi le principe des films issus de comics.
Scénario : 7/10
Très fidèle à l’œuvre originale d'Alan Moore et de Dave Gibbons, le scénario du film est lésé par la discontinuité du scénario du comic. Certains verront cela comme une force, car son caractère très particulier conférait à Watchmen une réputation de comic inadaptable au cinéma, et le tour de force d'avoir gardé de la cohérence malgré les difficultés était une belle réussite, mais pendant 2 tiers du film, l'histoire peine à démarrer et c'est une galerie de portraits tous plus difformes et psychédéliques les uns des autres. Lorsqu'enfin la logique des enjeux prend forme, on est un peu déçu par le final et son caractère éphémère à côté du reste du film qui monte pourtant bien la mayonnaise pour un final grandiose. Certains penseront "tout ça pour ça?"
Interprétation : 7/10
Pas de grande star au générique, quelques visages familiers, et du talent, oui, mais rien pour donner à l'interprétation de ces héros un coté légendaire. Snyder a voulu coller à la BD et les acteurs s'effacent un peu derrière leur personnage. Certes, l'adaptation est plutôt réussie, les personnages sont eux aussi très fidèles à leur personnalité dans le comic, mais la prédominance de la personnalité des personnages supplante celle des acteurs. Encore une fois c'est très subjectif.
Note générale : 8/10
Watchmen est un bon film, voir un très bon film, mais un film qui partage. Certains y verront l'adaptation parfaite d'un comic culte, d'autre un film long et lent qui se mord la queue pour faire pshit à la fin. De même, si le style de Snyder est indéniablement une prouesse tant cinématographique que technologique, il partagera entre les pro effets graphiques et les contres. Sans être le meilleur film de Snyder, Watchmen reste, comme 300 l'une des bases du succès futur de se réalisateur, et le mieux pour vous faire votre propre opinion sur ce film si particulier, c'est de le regarder.
"None of you seem to understand. I'm not locked in here with you. You're locked in here with me!"
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RépondreSupprimerUn film... je ne sais pas quel adjectif employé... tant il y est inclassable, sans comparaison avec rien. Pour moi, il est mythique et élevé sur le même podium que Matrix, L'armée des 12 Singes, L'effet Papillon, 2001... bref un chef d'oeuvre. Le décrire était un sacré challenge, et c'est mission accomplie. Bravo. Chacun des personnes est une légende, comme ces archétypes de la mythologie, et pourtant, ils sont moins classiques que dans Star Wars. Allan Moore a dépoussiéré et modernisé notre propre inconscient collectif. Le Comédien, Docteur Mahnattan... et bien sûr Rorschah. Les dialogues sont forts. Les scènes sont (volontairement) parfois extrêmement violentes... et nous renvoit dans la merde dans laquelle la société nous mène, où une bande de clowns déguisés tentent de faire de leur mieux (ou de leur pire !) pour arranger le monde.
RépondreSupprimerLe début du film est un peu déroutant, car il y a beaucoup d'information à traiter. Le spectateur plonge dans un monde qui "ressemble" au nôtre, mais qui est si différent (uchronie). Il y a un temps d'adaptation, et le début peut paraître un peu difficile d'accès... surtout que ces super héros n'ont rien à voir avec Spiderman, Batman, et autres Superman... donc, pas mal de repères classiques ont bougé. Ce film est grandiose... je ne connaissais pas les Watchmen, et depuis, il ne me quitte plus. J'ai dû le revoir une dizaine de fois.
A voir absolument... :)
J'suis d'accord, pour ma part je l'ai vu 2 fois en une semaine à peu près. Et je lis le comic aussi, qui permet forcément de mieux digérer les persos qu'en 2h40 de film. Mais Zack Snyder est vraiment à part. En voyant la BA de 300 et celle de Watchmen, j'aurai jamais pensé aimer ni l'un ni l'autre. J'ai adoré 300, et Watchmen aussi du coup. J'aime pas tout chez ce réal, mais pour cette adaptation il a fait un excellent boulot, parceque c'est pas facile d'adapter un comic aussi complexe.
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