16 juil. 2014

Godzilla

Godzilla

Gareth Edwards
2014

Film : Américain
Genre : Film de kaïju sans carton-pâte
Avec : Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston





Synopsis

En 1999 aux Philippines, des ouvriers d'une mine tombent sur une cavité gigantesque abritant une immense carcasse de monstre antique. Ils appellent immédiatement l'organisme chargé de l'étude et de la surveillance de ce type de grosses bébêtes, qui trouve la chrysalide d'un parasite sur place. A quelques milliers de km de là, au Japon, Joe Brody assiste impuissant à la fission du réacteur dans la centrale nucléaire où il travaille avec sa femme qui trouve la mort dans l'accident. Après 15 ans, toujours persuadé qu'une cause extérieure non naturelle a provoqué l'accident, Joe continue a parcourir la zone interdite à la recherche de preuves à présenter à la presse. Son fils devenu militaire de l'US Navy et de retour de mission, cherche alors à le convaincre d'arrêter sa quête vouée à l'échec et de rentrer aux Etats Unis. Mais alors que Joe parvient à convaincre son fils de l'aider lors d'une dernière sortie dans la zone d'exclusion, ceux ci sont capturés par les autorités et ils assistent depuis les ruines de l'ancienne centrale à la naissance d'un mutant gigantesque qui s'échappe et commence à faire régner le chaos.

Avis

Godzilla est un sujet délicat. Roi des kaïju, il dispose d'un statut d'icône au Japon, et chaque nouveau projet, d'un côté ou de l'autre du Pacifique créer des remous qui satisfait à peu près autant de personnes qu'il se créer d'ennemis mortels. Le film de 1998 avait atteint des niveaux de nanard cosmodésique assez improbable, et je me rappelle même l’émergence à la suite de ce navet d'une série animée qui passait sur Canal J quand j'étais minot racontant les aventures de ce bon Docteur Tatopoulos et de son pet-Godzilla parce que c'est toujours bon d'avoir un side-kick de 150m de haut. Roland Emmerich était déjà rentré dans la postérité dans les années 90 pour quelques beaux navets à coté de films sympatoches genre Stargate, et n'était qu'au début de ses frasques cinématographo-catastrophiques finalement, mais il avait réussi à s’attirer l'exaspération d'un paquet de cinéphiles pour qui l'essence de Godzilla avait complètement disparu, et engendré une hantise du film de monstre raté.

Par conséquent, le parfum du reboot, tellement à la mode,  avait des notes de moisi derrière l'odeur de peinture fraiche, et c'est méfiant que j'ai mis les pieds dans la salle de cinéma. Première surprise : Godzilla n'est pas le seul monstre du film, il se tire la bourre avec deux MUTOs, des espèces de sales bestioles plus ou moins insectoïdes qui m'ont rappelé les nuits d'été où Arte avait eu la bonne idée de passer les Godzilla vs Mothra et autres classiques du kaiju japonais, mais ici, point d’immeubles en carton tirés d'un mauvais épisode des Power Rangers, qui dit budget Holywood-gros-cigare-here's-your-bag-of-cash dit effets visuels tip-top pour te faire passer la pilule que t'as encore payé 1,5€ tes lunettes 3D que t'oublies à chaque fois chez toi au lieu de les réutiliser.

Et en fait je pourrais dire "point à la ligne, merci d'être passé" parce que grossomodo, le film capitalise un maximum la-dessus. Good-guy Godzilla vs Bad-guys MUTOs et des FX à faire baver un graphic designer. Le scénario se perd à la moitié du film dans une sorte de méli-mélo avec plein de charabia scientifico-pouet pouet, les personnages charismatiques du film ne font RIEN. L'immense Ken Watanabe, inoubliable Saito dans Inception, se contente de suivre Godzilla a la trace et de le regarder faire, et Aaron TJ (désolé 2 noms c'est trop, et encore t'as du bol que je t'appelle pas Kick-Ass Bidasse) fait genre "Je suis un militaire, j'vais faire des trucs!" pour au final avoir a peu près autant d'effet sur Godzilla et les deux autres qu'un moucheron anorexique.





Bien sûr, on peut aussi regarder Godzilla sous l'oeil de la symbolique. Les kaiju et en particulier Godzilla ont toujours été la réponse du Japon à l'attaque atomique d'Hiroshima et de Nagasaki. Le Japon d'après guerre, traumatisé par l'atome a personnifié celui ci dans des monstres mutants nés de la suffisance de l'homme face à la nature, pour lui faire expier ses pêchers. Or dans ce film (américain et non japonais, faut il le rappeler) la symbolique s'approprie une continuité plus actuelle à cette problématique, et ce sont les dommages de l'incident de Fukushima qui sont sous-jacents dans la première moitié du film. Le MUTO devient alors la cause de l'incident nucléaire analogue à celui qu'a vécu le Japon en 2011, et Godzilla, autrefois bourreau du Japon vient aujourd'hui terrasser cette menace. Bon. On passe quand même rapidement la dessus, parce que si le clin d’œil est sympathique, le scénario prend bien soin de se perdre en conjectures et en gloubiboulga dantesque sur la deuxième moitié pour que le spectateur en ait pour son argent.

Kaiju fight! *musique néo-métal* Parce qu'en gros, pas besoin d'en dire plus sur la deuxième moitié du film qui sombre dans un océan de facilité graphique et spectaculaire. On met le scénario de coté, on met les persos charismatiques de coté, et on laisse des gros machins géants se foutre sur la gueule en plein milieu d'une ville en ruine, sous un épais nuage de fumée/poussière/vrais nuages (on sait pas trop) juste pour que ça donne son effet post-apo de rigueur et que ça évite de trop pré-calculer de décors sur les CG. Du coup la dernière petite heure du film, la perspective du spectateur consiste a se visser au fond de son siège de ciné, les lunettes sur le nez et de bouffer son pop corn pendant que les immeubles s'effondrent sous les projections et les fatalities des kaïju, que les bidasses se retrouvent nez à nez avec des têtes de streum pour un des meilleurs effets 3D stéréoscopique depuis un moment, et que le scénario improbable nous balade d'un Golden Gate coupé en deux à un train de marchandises équipé de têtes nucléaires à une petite leçon de chute libre avec fumigènes colorés. Pfuah! Quand on ressort de la, on a le cerveau vidé remplacé par tout plein d'images jolies et de moments épiques façon "Hooooo! Hohoho!" Après tout, c'est ça Hollywood.





Notation

Réalisation : 9/10

Plus je fais de chros, plus je me dis qu'il faut que je sépare la réalisation des effets visuels. Qu'on s'entende bien. Gareth Edwards est un très bon graphiste. Il a la capacité à créer des ambiances visuelles, des effets de profondeur et de donner du volume à son oeuvre graphique. Il a aussi la bonne idée de rendre quelques petits hommages aux icônes, comme ce petit traveling partant de la vitre d'un véhicule qui rappellera forcément la scène du T-Rex de Jurassic Park. En dehors de ça, c'est pas Hitchcock non plus. Disons simplement que le réalisateur de ce film était le pion d'une grosse machine hollywoodienne, et qu'en tant que réalisateur son boulot était de rendre l'image très jolie. mission accomplie.

Son : 6/10

Petite déception à vrai dire. J'attendais du cri de Godzilla de me figer sur place comme celui du Tyrannosaure puisque j'évoquais à l'instant Jurassic Park. Son "Wiiiiiiiiiiiiiiiii-iiinrhhh" ne restera pas forcément dans les annales et c'est dommage. Idem pour les MUTOs qui auraient pu avoir un bruitage un peu plus effrayant que ce "claclaclac" finalement banal. Quant à la BO, le thème principal est légèrement répétitif, et pas forcément mémorable non plus.

Scénario : 4/10

L'effort de mise en contexte est louable. La scène d'intro en hélicoptère sur un site de fouille rappelle là encore JP, la scène de la centrale implique tout un questionnement sur la dangerosité de l'énergie nucléaire, les démons qui habitent le personnage de Bryan Cranston sont terriblement bien imaginés, et la tension monte progressivement jusqu'à la première confrontation avec le MUTO... Et puis le soufflé retombe d'un coup. Comme si le scénariste arrivé à la moitié de son script avait lâché son ordi pour ouvrir le coffre à jouets de son fils et bruiter des "Piou piou! Crash! Braoum! Ratatatatatata!" avec la bouche, une figurine dans chaque main.

Interprétation : 5/10

Pas facile de noter des acteurs qui ne font RIEN. Un peu comme si vous aviez acheté la dernière télé Samsung 70 pouces 4K mais que vous comptiez regarder la VHS de vos vacances à Antibes dessus. Ken Watanabe, Bryan Cranston passent leur temps à faire un joli grand rien ultra productif *irony inside* quant à Aaron -Bidasse- TJ on a du mal à croire que son regard bovin ait été si convaincant dans Kick Ass, parce que lui, non seulement il fait rien, mais en plus il le fait en ayant l'air con comme un balai à chiottes. On passe sur les "rien" de l'armée américaine incarnés par autant d'acteurs tertiaires vus dans dans seconds rôles de séries ou de films Z, qui font rien, mais avec seulement 2 lignes de texte.

Note Générale : 6,5/10

On l'aime bien Godzilla. Il est grand, il est sympa, c'est un gros nounours d'écailles qui crache du feu nucléaire, et qui (spoiler alert) pète la gueule des meychants MUTOs avec une bonne grosse classe bien badass, et qui en plus le fait dans une ambiance graphique franchement réussie. Le problème, c'est que l'équipe du film a jugé inutile d'embaucher des scénaristes. Mais comme à Hollywood ces dernières années ils sont a peu près aussi prisés sur les block busters qu'un ingé son sur un film muet ou un décorateur sur un film d'animation, on se contente du minimum syndical "T'vas prendre ta claque graphique dans la gueule alors fais pas chier". Bon, soit. Film pop corns quoi.




"Ret them fight!"


22 nov. 2013

Insidious

Insidious

James Wan
2010

Film : Américian
Genre : Film d'horreur/épouvante pur jus
Avec : Rose Byrne, Patrick Wilson



Synopsis

Encore en plein emménagement, Josh et Renai sa femme, ainsi que leurs deux fils et leur fille encore bébé tentent de s'adapter à la nouvelle maison qu'ils viennent d'acheter. Après une mauvaise chute dans le grenier, Dalton, leur fils ainé s'endort un soir, pour ne plus se réveiller. Il semble être tombé dans le coma, et les médecins ne parviennent pas à en déterminer la cause, puisqu'il ne présente aucun traumatisme. Après quelques mois, Les deux parents optent pour une hospitalisation à domicile afin d'être là si leur fils venait à se réveiller. Mais dans la maison, des phénomènes de plus en plus étranges, des ombres, des bruits incongrus et des voix émaillent les journées de Renai quand Josh au contraire, préfère fuir l'atmosphère familiale pesante en s'enfermant dans son travail, sourd aux appels à l'aide de sa femme.

Avis

Dans les années 2000, alors qu'on pensait le genre du film d'horreur assez essoufflé, un film, Le Projet Blair Witch pour ne pas le nommer, instaure une petite révolution dans la manière de faire des films d'horreur. Le concept : les found footages . L'idée c'est de faire comme si un évènement réel surnaturel, ou en tout cas étrange et flippant avait été capturé sur vidéo avant que leurs auteurs ne disparaissent mystérieusement, et que les bandes ne soient retrouvées que bien plus tard. Bien sûr le concept en tant que tel n'était pas nouveau, on peut remonter à Cannibal Hollocaust pour trouver une idée similaire, mais dans la pratique, une toute nouvelle vague de films a débarqué sur ce principe : si c'est mal cadré et que ça bouge de partout, ça fait "vrai" donc c'est plus immersif donc c'est plus flippant. Meilleur exemple de cette idée? Cloverfield. Soit.

Autre tendance dure pas particulièrement nouvelle non plus mais expressément emblématique de cette décennie, le gore à outrance, la torture aussi bien psychique que physique imposée explicitement face caméra, illustrée à travers des sagas comme Hostel, La Colline a des yeux, et bien évidemment la longue (trop longue?) saga Saw. Jigsaw et à travers lui ses créateurs on su imposer une mécanique implacable. Un ton crasseux, et du gore, du gore, du gore mâtiné de philosophie de comptoir. Mais je m'égare.

Alors pourquoi une telle digression? Et bien parce que les années 2010 ont commencé pour les amateurs de films d'horreur par une habitude un peu curieuse sur les affiches des films d'épouvante. La référence systématique à deux sagas incarnant à elles seules la quintessence de ces deux genre évoqué précédemment. C'est bien simple, il n'y a pas un film qui sorte actuellement sur l'affiche duquel on ne puisse lire "par les créateurs de Saw et Paranormal Activity" ou bien "Par les producteurs de Paranormal Activity et le réalisateur de Saw" etc. Le problème, c'est que faire référence de manière aussi éhontée à tous les produits estampillés horreur, c'est noyer le poisson, car, il est absolument nécessaire de faire la part des choses.

Sans entrer dans le détail de la critique, ce n'est pas l'objet ici, le premier Saw est un très bon thriller gore et glauque, avec un scénario qui casse peut être pas trois pattes à un canard, mais qui a le mérite de tenir son public en halaine jusqu'au bout. Et puis Il introduit un méchant absolument génial, le terrifiant Jigsaw et son "Je veux jouer un jeu". Et comme à Hollywood, une formule a succès est l'occasion de se faire un max de pognon, les films se sont enchainé à un an d’intervalle, la qualité régressant de film en film. Paranormal Activity, lui, sur le principe des "found footages" raconte lui une banale histoire de fantôme, où on ne voit pas grand chose. Se déroulant la nuit principalement en caméra fixe et infrarouge, il a fait le buzz grace à sa bande annonce bien virale (limite elle est meilleure que le film en fait) et a lui aussi eu droit à un tas de suites tout aussi ratées.

Lorsque je vois donc "Par les créateurs de Saw et Paranormal Activity" sur l'affiche bien creepy de cet Insidious, je commence dans un premier temps par me méfier. Et puis vient le moment où je le vois au cinéma, dans une salle comble, remplie de jeunes, pas mal de filles aussi, bien au taquet pour se faire des sueurs froide. Il faut avouer que la simple apparition soudaine du titre du film, dans un vacarme de violons stridents suffit déjà à faire sursauter les plus déconcentré(e)s du public, certainement pas préparé(e)s à une telle entrée en matière. Un sourire passe sur le coin de mes lèvre, peut être que je me suis finalement trompés, et que les créateurs susnommés sur l'affiche ne sont finalement pas les moins doués du lot.



D'un prime abord, l'histoire d'Insidious parait terriblement banale. "Bouhou, une bête histoire de maison hantée, des chuchotements, un espèce de macchabée qui fait les cent pas dans le jardin, l'air de rien, tout un tas de trucs inexplicables. Alors ça ne commence pas d'une manière très originale, mais malgré tout, on sent un ton particulier. Plutôt que de nous donner une ombre menaçante dans le coin droit de l'écran pendant une demie seconde, comme le plus souvent dans ce type de film, James Wan s'attarde de manière insidieuse sur ses détails horrifiques. Ici Renai au détour d'un couloir passe à côté d'un petit garçon sans le remarquer. Petit garçon qui n'a absolument rien à faire là, et que tout le monde a vu très distinctement en se demandant "Hé! Attends! C'était quoi ça?" jusqu'à ce qu'il surgisse comme un diablotin dans le dos de quelqu'un d'autre, ou fac similae.

Et puis, lorsqu'on pense voir venir le truc gros comme une maison, l'ambiance change. Fini l'atmosphère lugubre de maison hantée, on se retrouve dans un décor bien plus convivial, et pourtant tellement plus inquiétant. Sans compter que la manière d'amener l'effroi se veut encore une fois plus surprenante. La mécanique est toujours la même, faire monter la pression, qu'on se prépare à une image effrayante, et quand on croit pouvoir se relacher, BAM elle surgit où on s'y attendait le moins. Comme un twist supplémentaire, le rythme change lui aussi. Une touche d'humour vient créer un décalage total avec la première moitié du film, prenant le contre-pied total de ce à quoi on s'attendait, et c'est dans une sorte de crescendo à contre sens que le film se termine, sur un dernier changement de ton.

Et c'est par ce bout là qu'Insidious, comme son nom l'indique, retourne la tête des spectateurs. Sa narration n'est pas une pente descendante  vers un abime de mauvais goût, ou une escalade vertigineuse vers des sommets de non-sens nanard. James Wan concocte dans son film une province vallonnée et verdoyante pleine de collines d'effrois, de forêts d'apparitions et de lacs couleurs noir d'encre. Sa force, c'est de dépeindre un paysage riche et hétéroclite de l'horreur au cinéma. Il puise dans des tas de genres et de références. Un couloir ayant un petit quelque chose de Shining, un grenier à la Beetlejuice, un peu d'Exorciste, un peu de Poltergeist, un peu de Ghostbusters...

Tout ça condensé dans une sorte de film de fantômes ultime. Insidious parle forcément aux fans absolus du cinéma d'horreur, mais attention, cela ne veut pas dire qu'il soit élitiste ou trop peu original. On retrouve malgré tout la patte du réalisateur et de son compère Leigh Whannell dans l'écriture du scénario. Tortueux, ficelé de manière à toujours brouiller les pistes, sans en rajouter dans les explications zabracadabrantesques qu'on retrouve trop souvent à la fin des films d'horreurs, l'histoire est au service de la peur, sans en être un prétexte, ni un fardeau.

La peur, parlons on justement. Le but d'un film d'épouvante, c'est créer un sentiment de peur et de malaise au spectateur, avide de sensations fortes. Comme je le disais en introduction, la mode du found footage base la peur sur un principe simple "et si c'était vrai, parce que ça ressemble à des images réelles tournées par des quidams", le problème étant qu'après Blair Witch, l'effet de surprise est passé et que cette technique éventée ne fait plus peur qu'aux plus sensibles. Quant au gore, puisque c'est l'autre tendance, elle, ne repose pas sur un sentiment d'effroi mais sur une forme de dégout et de mal-être de l'exhibition de sang, membres coupés, séances de torture etc. Et puis il y a les films usant et abusant du "diablotin qui sort de sa boite". Une image menaçante apparaissant soudainement, accompagnée d'un bruit puissant et aigüe, provoquant indéniablement un sursaut du cinéphile concentré.

Ce bon vieux truc, ça marche toujours, même dans les films d'aventure comme Jurassic Park, ou les thrillers basiques, mais il faut un peu plus à un film d'horreur pour espérer engendrer ce sentiment de peur qui fait se dresser les poils de la nuque et courir quelques frissons le long de l'échine. Insidious est plutôt doué là dessus. Et il y parvient grâce à une alchimie parfaite entre écriture et ambiance du cinéaste. Toujours là où on ne l'attend pas, le scenario est porté par cette atmosphère irréelle définitivement originale (même malgré les références) et son ton unique dans la manière d'aborder chaque scène. L'imprévisibilité, le décalage, et la maitrise portent ce film bourré de qualités pour un résultat sans appel : sans être le film le plus terrifiant de la décennie, Insidious réussi là ou 90% des films d'horreur échouent habituellement : faire peur au public le plus sceptique et indifférent possible.




Notation



Réalisation : 8,5/10

Certes, James Wan n'est pas le réalisateur le plus talentueux d'Hollywood. Et pourtant. Sa façon de créer son ambiance, ses angles de caméra audacieux, ses décors, en un mot, son sens de la direction artistique font des merveilles dans un film d'horreur. Car comme je viens de le faire remarquer, l'ambiance est essentielle dans un film qui veut faire peur. Si vous pensez qu'il suffit de plonger votre caméra dans le noir complet pour réussir votre histoire effrayante, regardez le choix de ses couleurs. Des teintes vert sale, un violet prune, un vieil ocre passé, le tout dans une brume grise vaporeuse ou sous un soleil froid. Insidious est une œuvre d'art du genre.

Son : 8/10

L'ambiance sonore, tout aussi importante que l'ambiance visuelle est servie par des effets pas spécialement nouveaux mais bigrement efficace. Le son d'un vieux phonograhe et une musique effroyablement désuette comme sorte de BO du monde de l'effroi, des voix dans le babyphone, des violents inquiétants pour l'ambiance générale et une musique lancinante pour les séquences plus douces. Classique, mais efficace.

Scénario : 9/10

Sur le papier, le scénario n'a rien d'extraordinaire. Et c'est bien parce que c'est la principale difficulté dans un film d'horreur que la note est aussi élevée. Le film réussi à éviter l'accumulation de scènes clichées qui sont là simplement pour dire "ok, votre maison est hantée", mais s'il ne les évite pas toute, chacune prend place dans une mécanique servant à faire comprendre de quoi il retourne, et on évite aussi l'effet bateau avant le dernier tiers du film "oui, il y avait un cimetière indien avant et blablabla blablabla" qui plombe toujours la tension dramatique et l'effet terrifiant du mystère. Non, ici, même servis par une explication qui vaut ce qu'elle vaut, on n'est pour autant pas tirés d'affaire car les bonnes surprises scénaristiques s'enchainent jusqu'au dernier instant.

Interprétation : 7/10

Que tu es jolie, Rose Byrne. La demoiselle joue sur sa fragilité sans en rajouter. Elle campe une mère on ne peut plus normale, empreinte de sensibilité et d'amour maternel. Patrick Wilson, un peu moins expressif réussi malgré tout a bien faire passer le malaise de son personnage, même si jamais la colère, la peur ou le désespoir ne semblent vraiment l'atteindre. Le reste du casting est sur mesure, juste ce qu'il faut par rapport à leur personnage. Petite mention spéciale à Ty Simpkins qui est plutôt doué comme gamin, même si son rôle consiste une bonne partie du film à jouer le légume dans son lit.

Note Générale : 8/10

En 2011, Insidious a été ma bonne surprise. En deux ans et quelques visionnages supplémentaires, il reste à mon sens le film d'épouvante le plus réussi de ses 10 dernières années. A la fois très simple et très original, il mène son public par le bout du nez dans des directions contradictoires, des ambiances surprenantes, et une frousse bien construite. Si seulement tous les films vantant une parenté à Saw ou Paranormal activity étaient aussi bien...



 

"I went into Dalton's room,there was something in here with him. It was standing there in the corner. I asked it 'who are you?' and it said it was a visitor. I said 'what do you want?' It said 'Dalton' I can still hear that voice..."

3 juin 2013

Margin Call

Margin Call

J.C. Chandor
2011

Film : Américain
Genre : Thriller boursier
Avec : Kevin Spacey, Jeremy Irons, Zachary Quinto



Synopsis

Pour Eric Dale, cette matinée de printemps commence assez mal. La banque d'affaires qui l'emploie depuis 19 ans se voit obligée de réduire ses effectifs, et il ne se retrouve pas du bon côté de la ligne. Pourtant, il travaillait sur quelque chose d'important. Avant de vider son bureau, il parvient néanmoins à transmettre à Peter, l'un de ses brillants courtiers une clé USB contenant ce sur quoi il travaillait. Son dernier conseil avant que l'ascenseur ne se referme sur lui est "Sois prudent". Le soir même, Peter examine le contenu de la clé. Ce qu'il trouve dessus, créer un séisme silencieux. Il fait remonter l'information aux échelons de le hiérarchie, jusqu'à la réunion du Comité Executif qui doit prendre une décision dont les répercussions pourraient être dramatiques pour l'économie mondiale.

Avis

On se souvient tous de l'année 2008. Une onde de choc économique qui a fait trembler les Goldman Sachs, Lehman Brothers et autres établissements névralgiques de la finance mondiale. Une onde de choc qui força les États à piocher dans les finances publiques pour sauver l'équilibre économique complètement ébranlé. Outre l'indignation des peuples, assez scandalisés que  leurs impôts servent à payer les pots cassés de boursicotteurs qui roulent en Ferrari, ce séisme a en outre laissé sur le carreau des peuples entiers, demandez au Grecs ce qu'ils en pensent. Et à la base de tout ce système bancal, un mot avait fait à l'époque le tour des JT, sans finalement dépasser son concept assez abstrait dans les esprits. "Subprimes".

J.C. Chandor et Zachary Quinto, producteur et acteur dans ce film, avaient dans l'idée d'évoquer l'élément déclencheur de la crise sans pour autant diaboliser Wall Street. Pas forcément par empathie pour les financiers, on ne peut pas dire que Jeremy Irons interprétant le PDG de la fameuse firme concernée mais jamais nommée, attire particulièrement la sympathie sur son personnage, mais dans un souci d'ambivalence entre le faste de ce monde très fermé, et la répercussion de leurs actes aux catastrophes à venir. Le réalisateur dépeint alors une galerie de portraits, à tous les échelons. Qu'il s'agisse du directeur de branche, quadra froid et implacable, du jeune loup aux dents longues obsédé par l'argent ou le rôle de Kevin Spacey, qui se veut à la fois juste et terriblement cynique aussi, le personnel de cette société ne tombe jamais dans le manichéisme.

Et c'est donc tout naturellement au casting, dans un premier temps, dans un premier temps, qu'il faut tirer son chapeau. Kevin Spacey est absolument époustouflant. Sa bonhomie cache une bonne partie du film la vraie nature de son personnage qu'on ne saurai classer catégoriquement dans les gentils ou les méchants, bien qu'on s'en doute un peu quand même. Et derrière ce porte-étendard se cachent de nombreux acteurs extrêmement talentueux. Demi Moore, Simon Baker, Stanley Tucci, Paul Bettany... Chaque rôle distribué à la perfection. Mais un rôle ne tient pas qu'à son interprète. Car le scénario a une force vraiment admirable, celle de présenter, je le disais des portraits complètement saisissants, il a aussi le mérite de nous plonger dans un univers, une ambiance. New York, Wall Street, un building immense, une salle de réunion surplombant la ville, des hommes en costume 3 pièces à 4h du matin, et par dessus tout ce côté "thriller" sur l'aspect boursier, avec un jargon à la fois assez simple pour permettre au public de suivre, mais pas non plus dénué de sens, pour garder toute sa crédibilité. Ajoutez à cela une cohérence sur l'enchainement des situations, cette impression d'effondrement à tous les échelons de la firme et l'implication sur l'économie mondiale, dont on subit toujours au jour d'aujourd'hui les effets, le scénario est vraiment l'un des points forts de ce film.




Certes, il ne plaira pas à tout le monde. Si vous avez pleuré Chavez et que Mélenchon parle haut et fort vos idées, la fascination qu'insuffle le réalisateur à l'univers boursier vous laissera certainement froid. Car à travers la caméra de JC. Chandor, ce sont des écrans affichant des courbes d'actions, des chiffres, des chiffres, et encore des chiffres, des graphiques colorés contrastant avec la sobriété classe des bureaux, et puis cette ambiance de building endormi sauf pour quelques uns, tenant le monde financier entre leurs main, au coeur d'un New York printanier. Cette mise en scène particulièrement lissée convient parfaitement à l'ambiance dans laquelle plonge le scénario. Et pour avoir arpenté les couloirs d'un grand building à la Défense à 7h du matin, je sais à quel point ce sentiment d'irréalité transparaissant dans le film est véridique.

Le point de vue du réalisateur est d'ailleurs intéressant. Plutôt que de dénoncer les dérives absolument scandaleuses d'un système qu'on sent bien pourri jusqu'à la moelle, il préfère nous dicter une fable moderne sur les événements à la fois ordinaires et extraordinaires qui peuvent se passer, la nuit, à Wall Street. Car certes, des événements menant à une crise planétaire, il ne s'en passe pas toutes les nuits dans tous les buildings de New York, mais à l'échelle de la finance internationale, des meetings d'urgence du ComEx d'un groupe, il y en a régulièrement, et derrière le prétexte de la crise de 2008, c'est cette situation, l'ambiance de précarité qui en découle, le doute dans la tête des acteurs de ce milieu, jeunes, vieux, blindés de talent, ou simples soupapes de sécurité, qu'on nous raconte.



 






Notation

Réalisation : 8/10

L’œil du réalisateur a cela de talentueux, qu'il sait transcender son environnement pour le rendre esthétique. Margin Call propose principalement des couloirs, des bureaux, des salles de réunion, dans un gratte-ciel new-yorkais. Derrière l'apparente austérité de ces murs blancs moquette grise, J.C. Chandor trouve la poésie du lieu de travail. Une impression de profondeur réussie sur un gigantesque open-space vide et sombre, si ce ne sont les dizaines d'écrans des courtiers, une vue de Manhattan à l'aube depuis un grand bureau froid, une table en noyer entourée d'hommes et de femmes en complet étriqués. Il y a dans ce film, une sorte de plastique méticuleuse vraiment attirante.

Son : 7/10

Minimaliste, la musique est très peu présente sur l'ensemble du film, si ce n'est par touches sobres et graves pour souligner la tension d'une situation. La vraie musique de ce film est d'ailleurs plus constituée des discours tout aussi graves des protagonistes, dont l'alarmisme mesuré et pesant rythme les dialogues.

Scénario : 8/10

L'écriture de Margin Call déroute un petit peu au début. Certes le ton est dur, on repère tout de suite le malaise qui règne dans ce monde tordu de la finance internationale, mais l'histoire dérive ensuite entre une sorte de subjugation pour l'univers, tout en cherchant à raconter une histoire romancée inspirée de faits on ne peut plus réels. C'est cette ambivalence permanente qui surprend, mais les situations et les personnages sont si bien dépeints qu'on se laisse happer par l'ambiance jusqu'à la fin du film.

Interprétation : 9/10

Kevin Spacey en tête, le casting luxe de ce film est le gros plus de ce film. Chaque rôle, majeur et mineur semble taillé sur mesure pour leur interprète, contribuant à l'immersion dans l'intrigue. Jeremy Irons est un excellent PDG, implacable. Simon Baker, tout aussi excellent dans son rôle de directeur... et bien implacable lui aussi. Demi Moore en salope tout aussi implacable est bluffante, et Zachary Quinto, au milieu de ça, lui a un plus beau rôle qui semble correspondre parfaitement à ses épaules. Super casting, vraiment.

Note générale : 8/10

Sous ses airs un peu alternatifs, Margin Call est un très bon film, très équilibré. Ne souffrant d'aucune faute notable, si ce n'est peut être la difficulté qu'il aura à faire l'unanimité selon certaines sensibilités économiques, il est l'archétype du long métrage immersif dans un monde fantasmé et inconnu de la majorité du grand public. Porté par son casting époustouflant, et la sobriété qu'il dégage, il accrochera au fauteuil quiconque cherche une plongée ahurissante dans le monde de Wall Street.





"I spent 76 520 dollars on booze, dancers and whores."

9 mai 2013

Jurassic Park

Jurassic Park

Steven Spielberg
1993

Film : Américain
Genre : Science-fiction aventure dinosauresque
Avec : Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum




Synopsis

John Hammond est en effervescence quelques semaines avant l'ouverture de son nouveau parc d'attractions situé sur une île dans le Pacifique, au large du Costa Rica. Face au scepticisme des actionnaires qui veulent des garanties sur leur investissement, il consent à faire venir plusieurs experts sur l'île pour qu'ils donnent leur aval à la viabilité du projet. Hammond part donc chercher le Pr Alan Grant et sa collègue Ellie Sattler, éminents paléontologues pour qu'ils parrainent le parc. C'est donc accompagné de l'avocat d'Hammond, de ses petits enfants et du Pr Malcolm, théoricien mathématique qu'ils pénètrent dans Jurassic Park, pour découvrir stupéfait que le vieux mécène a réussi à cloner et ramener à la vie, plusieurs espèces de dinosaures, pourtant éteintes depuis plus de 65 millions d'années.

Avis

Je replace brièvement le contexte. Nous sommes en 1993. Moi? J'suis un gamin de 7 ans, et comme pas mal de gamins de 7 ans, je kiffe les dinosaures. A l'occasion d'un film, je vois une bande annonce. Des mineurs creusent la roche pour finalement découvrir de l'ambre où un moustique est piégé. Quelques images très très furtives de dinosaures et... Un titre, et un logo. Jurassic Park.

Si à 7 ans, je ne suis pas sûr que le nom de "Steven Spielberg" m'ait beaucoup parlé, cette bande annonce, ce premier trailer si énigmatique qu'il soit, même, m'avait garanti de la force et de la puissance que ce film allait avoir sur un minot fana de dinos. Quelques semaines plus tard, le film m'avait prouvé raison. Jurassic Park était bel et bien la claque attendue.

Seulement voila, ces charmants souvenirs datent de 20 ans, beaucoup de choses ont changé dans le cinéma en deux décennies. Les images de synthèse ont tellement évolué, quand on voit les claques graphiques qui peuvent nous filer des Avengers ou des Prometheus, on se dit que la 3D de 93 doit être un peu désuète, non? A vrai dire, le jugement d'un gamin et celui d'un adulte sur un film diffère sûrement pas mal.

Et bien non. Honnêtement, JP n'a pas pris une ride. D'une part, c'est l'un des meilleurs Spielberg (même si la liste des "l'un des meilleurs Spielberg" est longue) où on y retrouve toute sa maestria de la mise en scène, le lyrisme de la musique de John Williams, et les thèmes chers à Steven avec l'enfance, l'héroïsme dans les mains et le coeur d'hommes et de femmes ordinaires, et bien sûr, ce sens quasi surnaturel de la dramatisation des scènes clés autour des grosses bébêtes.


Les premières minutes donnent déjà l'occasion de profiter de la superbe du réalisateur, comme avec ce plan où l'hélicoptère d'Hammond descend se poser devant une cascade, ou bien le gros plan typique chez Spielberg sur ses acteurs ouvrant des yeux comme des soucoupes devant un troupeau de Brachiosaures. Mais, mais, mais, le premier moment époustouflant, au sens propre, c'est la scène du T-Rex. La tension grimpe progressivement, surtout qu'elle est précédée d'une petite séquence émotion avec un autre dino bien plus sympathique. Digne des meilleurs films d'horreur, tout y est pour scotcher le cinéphile dans son fauteuil, agrippant nerveusement la mousse tweedée de l'accoudoir.

Spielberg orchestre chaque seconde, chaque angle de vue, s'assurant un rendu quasi identique entre les plans de dinosaures en animatroniques (et non pas "auto-érotique" comme dirait Gennaro) et ceux en images de synthèse. L'aspect général, malgré un léger flou sur les CG de mouvement, est impressionnant de réalisme pour un film de cet âge là. La qualité du script, et ce malgré quelques incohérences mineures, fait le reste. On passe de l'émerveillement à la peur, du soulagement à la haine, du rire aux hoquets paniqués, et tout cela sans se sortir de l'immersion dans laquelle nous plonge Steven, jusqu'à ce final sur un soleil couchant, moment ou on se dit "déjà?" dans un premier temps, puis "encore!". Yes. It's that good.

Est-ce vraiment si bien? Vraiment? Ne peut on pas trouver à y redire? Et bien, oui, oui, et non. J'insiste. Jurassic Park était une leçon de cinéma. Si je n'étais pas capable de m'en rendre compte à l'époque, trop excité par l'idée de voir des dinosaures plus vrais que nature bouffer des gens, aujourd'hui je persiste et signe. Qu'il s'agisse du scénario de Michael Crichton, adapté de son propre roman, mettant en relief chaque situation l'une par rapport à l'autre pour donner au film ce rythme typique de Spielberg entre moments ébouriffants et accalmies oniriques, ou les effets de lumière destinés à souligner l'ambiance des lieux, peut être encore le jeu des acteurs, y compris les enfants, ni cabotins ni trop lisses... Si la carrière de cinéaste vous branche, il ne reste plus qu'à prendre un calepin et noter. Ce plan ou la caméra se porte de Jeff Goldblum dans la voiture pour descendre jusqu'à son reflet dans une flaque d'eau tremblant sous les pas du T-Rex. Celui ci ou un traveling circulaire autour de la voiture montre les enfants émerveillés derrières les vitres reflétant un ciel nuageux. Ou encore celui là, en contre plongée où le visage de Muldoon est presque caché par le canon de son arme en très gros plan.

Et la 3D alors? Assez sceptique sur la capacité des studios à adapter les grands classiques en 3D, malgré un bon Titanic 3D l'an dernier, je l'étais encore plus en voyant la bande annonce dont la qualité des images en relief paraissait assez ratée. Fort heureusement, après quelques effets de 3D maladroits, surtout au début du film, on se retrouve finalement aspiré par la qualité de la réalisation a un tel point qu'on ne se rend même pas compte que la 3D passe plutôt, voir même très bien. Sans avoir la profondeur des films actuels tournés avec la technologie 3D, certaines images ressortent admirablement, renforçant le contraste dans la composition des plans. Et puis franchement, 3D ou pas 3D, JP sur grand écran c'est absolument indispensable.



 
Notation

Réalisation : 10/10

J'ai envie de donner la plus belle note à Steven Spielberg. Monsieur Spielberg a déjà plusieurs Oscars sur sa cheminée, alors je me doute bien que mon avis lui fasse une belle jambe, mais il faut savoir reconnaitre le talent et la maitrise quand elle est là. Jurassic Park représente la quintessence d'un film réussi. Certes c'était un blockbuster, certes c'est plus facile de faire des bons films quand on s'appelle Spielberg et que les producteurs sont près à "dépenser sans compter" (pas trop quand même non plus, ça reste des producteurs) mais Spielberg aussi s'est raté par moment. Lui aussi, il a fait des navets et des plantages sur toute la ligne. Ouais, mais celui là, c'est pas le cas. L'ambiance, la tension, la photographie, l'orchestration, tout ça va dans le même sens. La qualité. Et quant aux effets visuels... Mazette! Ils ont 20 ans, vraiment? Peut être moins clinquants qu'un Transformers 3, ils n'en restent pas moins une réussite totale favorisant l'immersion.

Son : 9/10

Que dire de John Williams? Bon, si on veut l'attaquer, on a qu'à dire que ce n'est pas très original. De la musique philharmonique soulignant chaque moment marquant du film, donnant le la des émotions à adopter, comme dans ET, comme dans Indiana Jones, comme dans Rencontre du 3e type, comme dans Star Wars aussi évidemment... Mais vous savez quoi? Ca marche. Et puis il y a les bruitages, surtout les cris des dinosaures. L'avantage, c'est que le rugissement d'une bestiole éteinte depuis 65 millions d'années, y a pas grand monde pour en parler, même Pierre Tchernya. Du coup, le rugissement du T-Rex ou ceux des Raptors ont quelque chose d'exotique, d'inconnu, de redoutablement bestial aussi, et collent parfaitement à l'idée qu'on se fait d'un prédateur suprême. Ca aussi, ça fait partie des trucs qui te vissent le cul dans ton fauteuil quand t'es au ciné.

Scénario : 8/10

Écrivain brillant passionné de techno-science-fiction et de cinéma avec lequel il collabora beaucoup, Crichton était un excellent scénariste dont Jurassic Park est resté à mon sens une pierre angulaire dans les scenarii de films d'action/aventure/sf/blockbuster/gloubiboulga. Si le principe même de clonage était encore un peu abstrait pour les masses il y a 20 ans, nul doute qu'il a aujourd'hui une certaine actualité. Et quand bien même on considèrerait le "comment" et le "pourquoi" de la recréation de dinosaures en laboratoire comme accessoires (ça serai une erreur, mais bon, les gamins comme moi à l'époque ça peut leur échapper de telles réflexions, par exemple) on se retrouve quand même avec une histoire superbement menée. Ok, l'enclos du T Rex passe du niveau du sol à un gouffre de 20m de haut en 5 minutes, ok, tout le monde se barre alors que le Parc reçoit ses premiers "clients test" mais à part ça, le script est quand même vachement bien ficelé.

Interprétation : 9/10

Pas de fausse note dans l'interprétation non plus. Sam Neill est jouissif, entre l'antipathie dont il fait preuve au début, son courage, et la relation qu'il noue avec les enfants, qui sont d'ailleurs eux aussi assez naturels (autant qu'on puisse l'être quand on est chassé par des dinos un peu plus vindicatifs que Denver) le reste du cast, Jeff Goldblum en chaoticien dragueur ou Bob Peck, le braconnier froid et méthodique, même les seconds rôles comme Samuel L Jackson, l'informaticien fumeur, tout le monde trouve sa place dans ce film, très certainement brillamment dirigés par Spielberg.

Note Générale : 9/10

Peut être qu'en 93, il méritait carrément 10. Bien que n'ayant pas pris une ride, bien qu'impressionnant en tout point, graphiquement, musicalement, et vraiment actuel dans les thèmes abordés, on ne peut néanmoins pas assurer que c'est le meilleur film de l'année, tout simplement parce qu'il a déjà un historique, et qu'il garde une empreinte de son temps, indélébile. Malgré cela, JP est, et restera la claque que j'avais reçu en 1993 en allant le voir pour la toute première fois. Un film impeccable à montrer dans les écoles de cinéma avec la légende "voila comment faut faire si tu veux mettre une monstrueuse torgnolle dans la gueule de ton audience". Un dernier mot, pour ceux qui restent sceptiques et qui me diront "Mais pourquoi j'irai voir un film de 93 au cinéma quand je peux en voir un récent?" à ceux là je dis "Allez y quand même", et quand vous l'aurez vu, je vous renverrai à la citation en fin de critique, là, juste là, sous la photo.




"Boy, do I hate being right all the time"