Battlestar Galactica
Ronald D. Moore
2003-2009
Série : Anglo-canado-américaine
Genre : Space opéra moderne et futuro-réaliste
Avec : Edward James Olmos, Mary McDonnell
Synopsis
Trente ans après la grande guerre Cylon qui opposa les Douze Colonies de Kobol aux Cylons, race de robots créés par les humains, mais ayant décidé de se rebeller contre leurs créateurs, plus personne n'a eu de contact avec les Cylons qu'on pensait réfugié dans un coin de la galaxie. La paix embrasse les Colonies, et le vieux Battlestar Galactica, vaisseau mythique de la guerre, devenu obsolète, va être recyclé en musée. C'est néanmoins à ce moment que ressurgissent les Cylons. En quelques heures, les douze planètes coloniales sont atomisées par des ogives tactiques, et la flotte de guerre balayée. Sauvé par son archaïsme qui empêche les virus Cylon de brouiller son réseau, le Galactica est le seul vaisseau militaire à pouvoir échapper à l'attaque et à réussir à s'enfuir en compagnie d'une petite flotte civile, la menace étant trop grande pour être affrontée de front. Heureusement, le commandant Adama officiant à la tête du Galactica connait la route pour mener l'Humanité à son salut sur une 13è colonie, inconnue des Cylons: la Terre.
Avis
Voila qui change quelque peu sur ce blog, une chronique sur une série télévisée. Je délaisse quelques temps le grand écran pour me pencher sur un véritable phénomène de la SF à la télévision, Battlestar Galactica.
Pour commencer, une petite présentation du contexte est nécessaire. Ronald D. Moore, créateur de la série, est un des pilliers de la SF Américaine à la télé pour avoir travaillé sur 3 séries de l'univers Star Trek: "La Nouvelle Génération", "Deep Space Nine" et "Voyager". Au début des années 2000 il émet le souhait de vouloir créer une série Space Opéra bien plus réaliste et emprunte de thèmes d'actualité. En somme une série plus Science-Fiction pure et moins Science-Fantasy.
Et en effet, lorsqu'on regarde le pilote, téléfilm long de 3h sortit en 2004, on constate que Les Douzes Colonies sont une allégorie science-fictive des Etats Unis. La société dans laquelle les Colons vivent ressemblent à la notre. Chaque Colonie a une culture différente, à la manière de chaque Etat, mais elles semblent se retrouver autour d'un système politique fédéral et de valeurs communes. Technologiquement, l'avancée des Colonies par rapport à nous n'est pas flagrante, hormis la possibilité de voyager dans l'espace, et de visiter les systèmes voisins grâce à des bonds "PRL".
Ainsi, le récit de la destruction des Colonies par les Cylons est une représentation de la peur des Américains face à la menace terroriste, et au souvenir de l'attaque surprise de Pearl Harbour. On découvre donc dans la série une très profonde aversion des humains pour les Cylons qui sont l'agresseur, et au début on craint pour le manichéisme de l'ensemble, se résumant à une sempiternelle lutte de l'homme contre l'ennemi mortel.
Mais bien évidemment, la série prend, et ce dès le pilote, une tournure différente, grâce à un point scénaristique majeur: les Cylons ont acquis une apparence humaine qui leur a permit de s'infiltrer dans les rangs coloniaux. Mais avec cette apparence de chair et de sang, la conscience est servie de concert, et si les Colons, stigmatisés par la violence de l'attaque et le souvenir traumatisant de la guerre précédente, ont dans les 2 premières saisons bien du mal à considérer leurs adversaires comme autre chose que des programmes, l'humanité des modèles "humains" saute aux yeux des spectateurs dès les premiers instants.
La conséquence est, on s'en doute, qu'au fil de la série on va s'interroger sans arrêt sur la responsabilité des Cylons, sur leur propre nature, leur capacité à aimer, et leurs desseins qui évoluent avec eux. Parenthèse fermée sur les Cylons, la série lorgne sur d'autres thèmes éminemment d'actualité comme, pêle-mêle, la guerre, la liaison entre les politiques et les militaires, la question religieuse dans ce type de contexte, les notions de trahison, la légitimité de la loi-martiale, la valeur de la vie, la maternité, les relations familiales, la Justice etc etc etc. Battlestar Galactica touche vraiment à tout, mais s'épargne un oeil trop moralisateur sur bon nombre de situation, laissant le téléspectateur seul juge de la légitimité des actes de ses héros.
Sur les personnages justement, loin de l'image bien lisse de certaines séries comme Stargate SG1, les protagonistes ont chacun leur démon, et même le très juste Commandant Adama ou la douce présidente Laura Roslin font des erreurs, doutent de leur choix, devant néanmoins les assumer face au peuple qui ne les comprend pas toujours. BSG est aussi l'occasion de présenter une belle palette d'anti-héros comme le Dr Gaius Baltar, lâche, menteur et opportuniste, mais qui semble guidé par un ange gardien, et qui dans sa personnalité reflète chacun de nous, ou encore la brillante Kara Thrace, aka Starbuck, le meilleur pilote de chasseur de sa génération, mais qui transporte avec elle une bonne dose de vice et de ressentiment. La liste pourrait se prolonger sur des lignes et des lignes. Si l'effet est plus ou moins palpable selon les personnages, ils ont néanmoins tendance à être très attachants, qu'on les adore ou qu'on adore les détester.
Fort heureusement, Battlestar s'est donné les moyens de ses idées, et ce que les brillants scénaristes imaginent, la production leur offre. Grâce à cela, BSG n'est pas seulement une agréable série sur les relations humaines digressant sur les questions métaphysiques, c'est également un excellent Space-Opéra servi par de superbes images de synthèse. Les combats spatiaux entre Raiders et Vipers sont de haute volée, et très dynamiques. Le rythme est d'ailleurs plutôt réussi avec, comme souvent dans ce type de série, une alternance entre les épisodes offrant du combat spatial, et ceux plus "terre à terre", mais toujours avec le bon équilibre, et se renouvelant malgré tout sans cesse.
A la fin des 4 saisons et des films dérivés (le pilote, Razor et The Plan) Battlestar Galactica apparait comme un monument de son époque. Même si la série ne peut éviter des hauts et des bas, elle garde un niveau extrêmement élevé qui va être dur à égaler à l'avenir. A conseiller à tous les amoureux de Science-fiction, et même à ceux de bonnes séries tout simplement.
Notation
Réalisation : 10/10
Le rythme est parfait. La réalisation ne souffre d'aucune fausse note flagrante, et surtout elle reste homogène au long des 4 saisons, sans s'égarer dans des impasses avant de faire demi tour comme certaines séries plus longues ont parfois fait (*toussLost!touss*). Les images de synthèse donnent un plus énorme, car on n'oublie jamais grâce à elle et à l'excellent montage, qu'il s'agit d'une flotte de vaisseaux dans l'espace, et que par conséquent le danger est constant. Et puis bien sûr il y a les dog fights entre pilotes et Raiders Cylons, superbement réalisés et très dynamiques qui tiennent en haleine du début à la fin d'un épisode.
Son : 9/10
Bear McCreary qui a réalisé la musique de la série du début à la fin, livre une BO magique. A la fois futuriste, épique, mystique et mythique (voir mythologique) elle transporte chaque séquence avec une justesse effrayante. Les thèmes comme celui juste avant les combats lors de la saison 2, ou la chanson des "Cinq Derniers" dans la saison 4 font désormais figure de légende, et moi qui ne suis pas particulièrement fan de BO en tous genre, celle de BSG me transporte à chaque fois. Sur les bruitage, ils sont globalement bien réussis, mais je regrette juste que les bruitages dans l'espace ne soient pas à 100% réalistes. Si on perçoit la volonté de l'équipe sons de faire de l'espace une zone de calme, à peine troublé par le bruit sourd d'un moteur, de pétarades, ou d'explosions, à des années lumières des habituels "piou-pious" des lasers cosmiques, personnellement j'aurais préféré une absence totale de bruits à la manière de 2001 Odyssée de l'Espace, qui aurai créé un contraste saisissant à mon sens entre l'action à l'image, vierge de sons, et celui en direct des vaisseaux recevant les communications enlevées et l'intensité des batailles, mais ne présentant pas directement les images. Pour finir sur cette parenthèse, je tiens à signaler une séquence d'anthologie lorsqu'une bataille est entièrement suivie depuis le poste de commandement, sans aucune image pour l'illustrer, que les communications paniquées des pilotes. Saisissant et terriblement immersif!
Scénario : 10/10
Noter le scénario d'une série est particulièrement difficile compte tenu qu'il s'agit de dizaines de moyens métrages, possédant chacun une histoire propre, mais dont les personnages et la trame globale convergent vers une sorte de plus grande Histoire. Du coup, je m'attarde plus sur ce dernier critère, l'Histoire racontée telle qu'elle commence au début du pilote, à telle qu'elle se termine à la fin de la saison 4, agrémentée des films connexes. Et bien, non seulement cette Histoire tient la route, mais elle comporte de nombreux arcs tous aussi bien scénarisés les uns que les autres, même si chacun aura sa petite préférence, et globalement elle ne se perd à aucun moment sur un sentier qu'elle n'avait pas prévu. Le sentiment que l'histoire est maitrisé de bout en bout saute aux yeux à la fin, et la diversité des thèmes abordés, en fait l'une des séries les plus riches de la dernière décennie.
Interprétation : 8/10
Sans faire figurer de star mondiale, BSG offre néanmoins un excellent casting. Évidemment, Edward James Olmos et Mary McDonnell en sont un parfait exemple, car, en tant que tête d'affiche, et personnages les plus influents ils se devaient d'être parfaits dans leur rôle, et heureusement c'est le cas. Mais globalement le casting n'est pas en reste. La sublime Tricia Helfer incarne à merveille la troublante #6 qui apparait au Dr Baltar, joué lui aussi avec brio par James Callis. Si les rôles plus secondaires ne sont pas toujours les plus marquants, on ne dénote aucune faute de gout dans le choix des acteurs, renforçant ainsi la qualité globale de la série.
Note générale : 9/10
Très honnêtement je suis plus que tenté de mettre 10/10 à cette série, mais contrairement à un film, la perfection est d'autant plus difficile à atteindre en 72 épisodes, lorsque les équipes de productions évoluent un tant soit peu, et que les heures et les heures s'enchainent. On ne peut pas dire que la série soit parfaite, donc on ne peut pas attribuer 10/10, quand bien même on le souhaite. Mais ces considérations mises à part, BSG est une excellente série, à la fois bien pensée, bien conçue, et dont le produit fini est toujours délectable. Encore une fois, si vous n'avez pas vue la série, et qu'il ne manque que ces mots pour vous décider: allez la voir!
"No more Mister Nice Gaïus!"
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