Garden State
Zach Braff
2004
Film : Américain
Genre : Drame emprunt du cri d'une génération
Synopsis
La vie d'Andrew semble s'être perdue au bord de la route. A 26 ans il cherche encore à lancer sa carrière d'acteur à Hollywood, même si c'est plutôt à la télévision qu'il s'est très légèrement fait remarquer. Un coup de fil de son père le ramène néanmoins à la réalité la plus concrète un matin lorsque celui ci lui annone que sa mère vient de mourir et qu'il doit rentrer dans son New Jersey natal pour les obsèques. Abandonnant ses pilules et son quotidien impersonnel, Andrew retrouve chez lui tous ses amis de lycées presque dix ans après les avoir quitté dans les frasques de l'adolescence. Et puis, alors qu'il se rend chez le docteur il rencontre Sam, cette jeune fille si spontanée et pétillante, qui participe à redéfinir le monde tel qu'il le concevait.
Il y a beaucoup, beaucoup à dire sur Garden State. Dans un premier temps, il faut souligner l'aspect autobiographique du long métrage de Zach Braff. Écrit et réalisé par le jeune acteur, ce film reprend des éléments clés de sa vie, comme son enfance dans le New Jersey, et sa carrière à Holywood. En conséquence, ce premier film est d'ores et déjà extrêmement personnel et illustre, certes la psychologie de l'acteur-réalisateur, mais aussi une génération entière.
Avoir 26 ans. Le personnage principal et ses amis ont cet âge. L'adolescence et à fortiori l'enfance sont désormais loin, et pourtant peut on parler d'âge adulte lorsqu'on prend la vie comme un jeu, qu'on fait la fête qu'importe les circonstances ou qu'on vit encore au crochet de ses parents? La question est posée. C'est quoi d'avoir cet âge là de nos jours? C'est quoi d'être entre deux eaux, et de se dire qu'on a tous ces trucs qu'on aimerai crier sur tous les toits mais qu'on se contente de ressasser dans sa caboche? C'est d'avoir 26 ans, faire partie de cette génération qui n'a connu aucune guerre, et qui vit dans le monde complètement barré des années 2000-2010.
Andrew Largeman est en quelque sorte le héraut de cette génération. Sa caricature n'est pourtant pas si loin de la vérité. Son caractère effacé, son physique banal en font un monsieur de 26 ans tout le monde. Ses questions, ses doutes, ses certitudes, elles font partie d'un tout qui nous parle, nous la génération Y. En concentrant toutes ses émotions quasi pures dans un film indépendant qui lui tenait particulièrement à coeur, le jeune réalisateur a transcendé la parole de millions de jeunes et le film marche autant en 2003 lorsqu'il est tourné, qu'en 2012 lorsqu'on le regarde, à 26 ans.
Derrière le message générationnel et quasi autobiographique de ce film, Garden State révèle surtout un talent devant et derrière la caméra pour Zach Braff. Ayant légiféré pendant plusieurs années sur ce film, l'acteur principal de la série Scrubs cherchait à se mettre en décalage par rapport à son personnage loufoque de J.D. dans la sitcom a succès, et démontrer que sa génération, bien qu'encore jeune et inexpérimenté, avait du talent. Et c'est plutôt une réussite.
La mise en scène de Garden State trahit dans un premier temps une véritable déclaration d'amour pour sa région de naissance, le New Jersey. Puisque l’État, frontalier de celui de New York dont il est en quelque sorte la banlieue un peu trop tranquille, donne son nom au film, on pouvait se douter que sa présence dans le film se révèlerai plus qu'anecdotique, et effectivement, à travers les nombreux plans en extérieur, on remarque la joie de Zach à filmer ces alignements de lotissements, ces quartiers résidentiels paisibles et la nature verdoyante qui confère au New Jersey sa qualification d’État Jardin, qui est un peu la guest-star de ce film à la distribution tout autant bourrée de talent.
Car la chance de Zach Braff est d'avoir pu s'entourer d'acteurs de renom pour son petit film indépendant, donnant à celui-ci une dimension bien plus importante que celle qu'il escomptait, et la présence de Natalie Portman et de Ian holm, ont très certainement fortement influencé dans la distribution du film aux USA et d'autant plus à mon sens à l'étranger, sans quoi il serai surement sorti chez nous dans quelques salles intimistes fréquentées par les bobos du VIIe de Paris, et les quidams auraient raté ce grand moment de cinéma.
De même, sa bande originale d'une pureté quasiment sans égal s'offre des artistes internationaux comme Coldplay, the Shins ou Simon & Garfunkel et porte sur ses épaules un pan entier de l'ambiance du film si particulière. Car au final, tout passe par l'ambiance entre frivolité et tension dramatique, saupoudrée d'une romance ingénue très très puissante néanmoins.
Par conséquent entre émotion pure, sans non plus tirer sur la corde larmoyante et humour casuel, la vie d'Andrew a cette particularité d'être si commune et singulière à la fois, un peu à l'image de la vie du tout un chacun. En résulte un film brillamment homogène plein de tendresse et à l'ambiance si attachante.
Réalisation : 8/10
Simple et délicate sont les qualificatifs peut être les plus appropriés à décrire à la fois l'ambiance mais aussi la qualité apportée par Zach Braff à la réalisation de ce premier film indépendant. Particulièrement efficace auprès de la génération qu'il décrit, le réalisateur livre un film beau, mais qui touche plus particulièrement ses semblables.
Son : 10/10
Soyons subjectifs! J'adore absolument la BO, et l'absence de musique originale, au lieu de pénaliser le film lui donne ce rythme si particulier qu'émaille les somptueuses chansons de la bande originale. Le reste de la bande son repose sur la qualité des dialogues et de l'interprétation.
Scénario : 9/10
Il est certes plus difficile de juger le scénario de Zach Braff que les aspects techniques, car celui ci comporte une bonne part d'autobiographie, et par ailleurs de nombreux passages du films jouent plus sur la personnalité des décors que sur l'histoire qui s'y déroule. Pourtant, les scènes clés lient l'ensemble et donnent une cohérence sans faille au long métrage. Si je regrette un chouia le montage final qui s'épargne certaines scènes à mon sens pertinentes, la possibilité de les voir sur les bonus du DVD rectifie cet aspect pour ceux qui désirent aller plus loin dans leur relation avec ce film.
Interprétation : 9/10
Zach Braff, réalisateur, auteur, acteur portait sur ce projet plusieurs casquettes. Est-ce que cela a altéré son travail de comédien? Non, au contraire il est touchant et sincère. Bien sûr il a écrit son propre rôle, et l'a basé sur de nombreux aspects de sa propre vie. Il y a plus dur comme travail sur le rôle dans ce métier. Néanmoins les émotions passent avec lui, c'est bien l'essentiel. Quant au reste du casting... Natalie Portman a l'un de ses rôles les plus réussis. Bien sûr depuis il y a eu Black Swan, mais à l'époque de la sortie du film je ne l'avais jamais vue si craquante. Et puis Ian Holm, la figure patriarcale tout en retenue et en sobriété... Non, aucun problème sur l'interprétation.
Note générale : 9/10
Dans ce genre ci, Garden State est mon film préféré. Je ne me lasse jamais de le regarder, et surtout, je lui trouve toutes les qualités d'un grand film, et pour du cinéma d'auteur, c'est vraiment impressionnant. Son casting, sa BO, la simplicité des paysages forgeant une ambiance douce et mélancolique, tout cela donne à ce film une saveur si particulière qui me parle. J'ai fêté mes 26 ans le mois dernier, et aujourd'hui, plus que jamais Garden State me parle à moi et à ceux de ma génération.
Avis
Il y a beaucoup, beaucoup à dire sur Garden State. Dans un premier temps, il faut souligner l'aspect autobiographique du long métrage de Zach Braff. Écrit et réalisé par le jeune acteur, ce film reprend des éléments clés de sa vie, comme son enfance dans le New Jersey, et sa carrière à Holywood. En conséquence, ce premier film est d'ores et déjà extrêmement personnel et illustre, certes la psychologie de l'acteur-réalisateur, mais aussi une génération entière.
Avoir 26 ans. Le personnage principal et ses amis ont cet âge. L'adolescence et à fortiori l'enfance sont désormais loin, et pourtant peut on parler d'âge adulte lorsqu'on prend la vie comme un jeu, qu'on fait la fête qu'importe les circonstances ou qu'on vit encore au crochet de ses parents? La question est posée. C'est quoi d'avoir cet âge là de nos jours? C'est quoi d'être entre deux eaux, et de se dire qu'on a tous ces trucs qu'on aimerai crier sur tous les toits mais qu'on se contente de ressasser dans sa caboche? C'est d'avoir 26 ans, faire partie de cette génération qui n'a connu aucune guerre, et qui vit dans le monde complètement barré des années 2000-2010.
Andrew Largeman est en quelque sorte le héraut de cette génération. Sa caricature n'est pourtant pas si loin de la vérité. Son caractère effacé, son physique banal en font un monsieur de 26 ans tout le monde. Ses questions, ses doutes, ses certitudes, elles font partie d'un tout qui nous parle, nous la génération Y. En concentrant toutes ses émotions quasi pures dans un film indépendant qui lui tenait particulièrement à coeur, le jeune réalisateur a transcendé la parole de millions de jeunes et le film marche autant en 2003 lorsqu'il est tourné, qu'en 2012 lorsqu'on le regarde, à 26 ans.
Derrière le message générationnel et quasi autobiographique de ce film, Garden State révèle surtout un talent devant et derrière la caméra pour Zach Braff. Ayant légiféré pendant plusieurs années sur ce film, l'acteur principal de la série Scrubs cherchait à se mettre en décalage par rapport à son personnage loufoque de J.D. dans la sitcom a succès, et démontrer que sa génération, bien qu'encore jeune et inexpérimenté, avait du talent. Et c'est plutôt une réussite.
La mise en scène de Garden State trahit dans un premier temps une véritable déclaration d'amour pour sa région de naissance, le New Jersey. Puisque l’État, frontalier de celui de New York dont il est en quelque sorte la banlieue un peu trop tranquille, donne son nom au film, on pouvait se douter que sa présence dans le film se révèlerai plus qu'anecdotique, et effectivement, à travers les nombreux plans en extérieur, on remarque la joie de Zach à filmer ces alignements de lotissements, ces quartiers résidentiels paisibles et la nature verdoyante qui confère au New Jersey sa qualification d’État Jardin, qui est un peu la guest-star de ce film à la distribution tout autant bourrée de talent.
Car la chance de Zach Braff est d'avoir pu s'entourer d'acteurs de renom pour son petit film indépendant, donnant à celui-ci une dimension bien plus importante que celle qu'il escomptait, et la présence de Natalie Portman et de Ian holm, ont très certainement fortement influencé dans la distribution du film aux USA et d'autant plus à mon sens à l'étranger, sans quoi il serai surement sorti chez nous dans quelques salles intimistes fréquentées par les bobos du VIIe de Paris, et les quidams auraient raté ce grand moment de cinéma.
De même, sa bande originale d'une pureté quasiment sans égal s'offre des artistes internationaux comme Coldplay, the Shins ou Simon & Garfunkel et porte sur ses épaules un pan entier de l'ambiance du film si particulière. Car au final, tout passe par l'ambiance entre frivolité et tension dramatique, saupoudrée d'une romance ingénue très très puissante néanmoins.
Par conséquent entre émotion pure, sans non plus tirer sur la corde larmoyante et humour casuel, la vie d'Andrew a cette particularité d'être si commune et singulière à la fois, un peu à l'image de la vie du tout un chacun. En résulte un film brillamment homogène plein de tendresse et à l'ambiance si attachante.
Notation
Réalisation : 8/10
Simple et délicate sont les qualificatifs peut être les plus appropriés à décrire à la fois l'ambiance mais aussi la qualité apportée par Zach Braff à la réalisation de ce premier film indépendant. Particulièrement efficace auprès de la génération qu'il décrit, le réalisateur livre un film beau, mais qui touche plus particulièrement ses semblables.
Son : 10/10
Soyons subjectifs! J'adore absolument la BO, et l'absence de musique originale, au lieu de pénaliser le film lui donne ce rythme si particulier qu'émaille les somptueuses chansons de la bande originale. Le reste de la bande son repose sur la qualité des dialogues et de l'interprétation.
Scénario : 9/10
Il est certes plus difficile de juger le scénario de Zach Braff que les aspects techniques, car celui ci comporte une bonne part d'autobiographie, et par ailleurs de nombreux passages du films jouent plus sur la personnalité des décors que sur l'histoire qui s'y déroule. Pourtant, les scènes clés lient l'ensemble et donnent une cohérence sans faille au long métrage. Si je regrette un chouia le montage final qui s'épargne certaines scènes à mon sens pertinentes, la possibilité de les voir sur les bonus du DVD rectifie cet aspect pour ceux qui désirent aller plus loin dans leur relation avec ce film.
Interprétation : 9/10
Zach Braff, réalisateur, auteur, acteur portait sur ce projet plusieurs casquettes. Est-ce que cela a altéré son travail de comédien? Non, au contraire il est touchant et sincère. Bien sûr il a écrit son propre rôle, et l'a basé sur de nombreux aspects de sa propre vie. Il y a plus dur comme travail sur le rôle dans ce métier. Néanmoins les émotions passent avec lui, c'est bien l'essentiel. Quant au reste du casting... Natalie Portman a l'un de ses rôles les plus réussis. Bien sûr depuis il y a eu Black Swan, mais à l'époque de la sortie du film je ne l'avais jamais vue si craquante. Et puis Ian Holm, la figure patriarcale tout en retenue et en sobriété... Non, aucun problème sur l'interprétation.
Note générale : 9/10
Dans ce genre ci, Garden State est mon film préféré. Je ne me lasse jamais de le regarder, et surtout, je lui trouve toutes les qualités d'un grand film, et pour du cinéma d'auteur, c'est vraiment impressionnant. Son casting, sa BO, la simplicité des paysages forgeant une ambiance douce et mélancolique, tout cela donne à ce film une saveur si particulière qui me parle. J'ai fêté mes 26 ans le mois dernier, et aujourd'hui, plus que jamais Garden State me parle à moi et à ceux de ma génération.
"You gotta hear this one song, it'll change your life, I swear!"